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Récital d’anthologie

Paris
Théâtre du Châtelet
06/18/2007 -  et 14 mars (Roma), 16 août (Salzburg) 2007
Robert Schumann : Allegro, opus 8 – Kreisleriana, opus 16
Frédéric Chopin : Prélude, opus 45 – Ballade n° 2, opus 38 – Nocturnes, opus 27 – Scherzo n° 3, opus 39 – Polonaise n° 6 «Héroïque», opus 53

Maurizio Pollini (piano)


Maurizio Pollini vient à Paris interpréter Schumann et Chopin: une belle cohérence, certes – dix ans de piano romantique (1831-1842) – mais le constat, une fois de plus, que ces immenses artistes se cantonnent trop souvent à un répertoire extrêmement restreint, en l’espèce les deux compositeurs auquel le pianiste italien a consacré ses deux derniers disques en solo chez Deutsche Grammophon. Cela étant, il demeure l’un des très rares à pouvoir remplir le Châtelet – un lundi, qui plus est – et à susciter cette excitation des grands soirs (foule compacte devant la salle, spectateurs en quête désespérée de billets, …). Et son enthousiasme demeure intact: comme à son habitude, il se dirige vers le Steinway à pas très vifs, commençant à jouer à peine les derniers applaudissements éteints.


C’est pour se lancer dans l’Allegro en si mineur (1831/1835) de Schumann, plus minéral que souple et chatoyant: beethovénien, en somme, avec son volontarisme et son intransigeance, ses interrogations et ses silences. Dans les Kreisleriana (1838), une formidable hauteur de vue compense la parcimonie des effusions: les pages rapides, plus objectives que fantasques ou fantastiques, et dont les traits manquent parfois de précision, n’en réservent pas moins des moments d’exception (énergie de l’avant-dernière pièce, violence du Schnell und spielend final), tandis que les pages lentes atteignent des sommets de poésie et d’expression.


De Schumann à Chopin, au-delà d’une année de naissance commune et d’un respect mutuel, la transition était aisée, comme le rappelle fort bien Michel Le Naour dans ses notes de programme (hélas victimes d’un montage défaillant). Si elle ne surprend pas réellement, cette succession de moments exceptionnels n’en procure pas moins d’intenses satisfactions: «vingt-cinquième» Prélude – l’opus 45 (1841) – comme improvisé; Deuxième ballade (1839) narrative et foudroyante, jamais anecdotique; miraculeux Nocturnes de l’opus 27 (1835), au chant droit, sans affectation ni artifice, d’une superbe richesse de toucher; Troisième scherzo (1839) quasi lisztien, tordant le cou, s’il en était besoin, au mythe d’un Pollini «froid» et «intellectuel»; Polonaise «Héroïque» (1842) solaire et puissante, mais sans tapage.


D’une rare incorrection durant le spectacle – toux et chutes d’objet se succèdent, traduisant une concentration défaillante – le public en redemande cependant. Dix-sept rappels et trois standing ovations, il faudra le retour des lumières et cinq bis pour calmer ses ardeurs: une véritable troisième partie pour ce récital d’anthologie. Toujours Chopin, bien sûr – Quinzième (dit de la «goutte d’eau») des Préludes de l’opus 28 (1839) dépourvu de tout alanguissement; dernière (Révolutionnaire) des douze Etudes de l’opus 10 (1831) sans surcharge de pathos; Première ballade (1835) à la fois généreuse et subtile – moyennant un petit détour par Liszt – Dixième des Etudes d’exécution transcendante (1851) totalement survoltée – et avant de conclure sur une Berceuse (1844) d’une infinie délicatesse.



Simon Corley

 

 

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