About us / Contact

The Classical Music Network

Zurich

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Une rareté exhumée

Zurich
Opernhaus
06/03/2007 -  et les 6*, 9, 14, 17, 21 juin, 3, 5 et 7 juillet 2007

Riccardo Zandonai: Francesca da Rimini



Emily Magee (Francesca), Martina Welschenbach (Samaritana), Christiane Kohl (Biancofiore), Sandra Trattnigg (Garsenda), Katharina Peetz (Altichiara), Irène Friedli (Adonella), Hélène Couture (Smaragdi), Marcello Giordani (Paolo il Bello), Juan Pons (Giovanni Lo Sciancato), Boiko Zvetanov (Malatestino Dall'Occhio), Martin Zysset (Ser Toldo Berardengo), Cheyne Davidson (Il giullare), Valeriy Murga (Ostasio), Randall Ball (il balestriere), Randall Ball (il prigioniero), Murat Acikada (il torrigiano)


Chœur de l’Opernhaus de Zurich (direction: Ernst Raffelsberger), Orchestre de l’Opernhaus, Nello Santi (direction musicale). Mise en scène: Giancarlo del Monaco, décors: Carlo Centolavigna, costumes: Maria Filippi, lumières: Hans-Rudolf Kunz


Francesca da Rimini est très rarement à l’affiche des théâtres lyriques, aussi faut-il savoir gré à l’Opernhaus de Zurich d’avoir exhumé l’œuvre la plus connue de Zandonai, même si le résultat d’ensemble est fort mitigé. Créé en 1914 à Turin, l’opéra a connu un joli succès, avant de tomber dans l’oubli, comme d’ailleurs les dix autres ouvrages lyriques du compositeur. Le livret raconte l’histoire d’une jeune fille, Francesca, mariée par son père à l’aîné d’une famille rivale, dans un souci d’apaisement. Mais l’heureux élu est infirme, et la belle tombe amoureuse de son frère, beaucoup plus séduisant. Un troisième frère a lui aussi des visées sur Francesca… L’action se termine par un double meurtre, le mari tuant les deux amants après les avoir surpris ensemble. Le drame est déjà relaté par Dante dans sa Divine Comédie et inspirera également Gabriela d’Annunzio, qui en tirera une tragédie en vers en 1901. C’est cette dernière œuvre qui sert de base au livret de l’opéra.


A Zurich, Giancarlo del Monaco s’est contenté de régler une simple mise en place, à défaut de véritable mise en scène, avec des solistes le plus souvent immobiles face au public. L’action se déroule dans les décors grandioses et pompeux de Carlo Centolavigna. Le premier acte, situé dans le jardin de la demeure de Francesca, est un summum du kitsch, avec des arbres et des fleurs envahissant tout l’espace. Les tableaux suivants nous plongent dans les riches appartements du marié, surchargés de colonnes et de statues. Cette grandiloquence est à l’unisson de la musique, puisque de la fosse émane la plupart du temps une masse orchestrale compacte et bruyante, où les effets faciles sont fréquents. On connaît la prédilection de Nello Santi pour ce type de répertoire, et il y a fort à parier que c’est lui qui est à l’origine de cette résurrection de Francesca, une partition qu’il a d’ailleurs déjà dirigée au Met en 1986. Malheureusement, le maestro ne parvient pas à insuffler suffisamment de nuances dans sa lecture, la soirée finissant par donner l’impression d’être un concours de décibels. Et à ce jeu-là, les chanteurs ne sont pas tous gagnants, à commencer par Marcello Giordani, qui, malgré un beau registre central, devient inaudible dans les aigus. Bien que, pour les besoins du rôle, cloué en permanence sur un fauteuil roulant, Juan Pons dispose lui de suffisamment de puissance vocale pour se faire entendre et de suffisamment de présence scénique pour composer un Giovanni à la fois autoritaire et aimant. Avec Boiko Zvetanov, il nous offre dans le dernier acte un face-à-face terriblement saisissant entre les deux frères, qui restera comme le moment fort du spectacle. Mais la vraie triomphatrice de la soirée est sans conteste Emily Magee, qui signe ici une de ses interprétations les plus abouties. Malgré un manque de couleurs conduisant à une certaine uniformité, la soprano américaine allie puissance vocale et raffinement stylistique et maîtrise avec brio les longues phrases musicales de Zandonai pour camper une magnifique héroïne, tiraillée ente combativité et désespoir.


Pour tous ceux qui ne pourront pas assister à cette exhumation zurichoise, signalons que DG vient de lancer fort à propos sur le marché le DVD d’une captation du Met datant de 1984, avec Renata Scotto et Placido Domingo dans les rôles principaux et James Levine dans la fosse.




Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com