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Lupu roi

Bruxelles
Bozar, salle Henry Le Bœuf
04/23/2007 -  
Franz Schubert : Sonate pour piano n°15, D. 664
Claude Debussy : Préludes : La Danse de Puck (Livre I), Brouillards, Feuilles mortes, La Puerta del vino, Les Fées sont d’exquises danseuses, Bruyères, Général Lavine - eccentric (Livre II)
Johannes Brahms : Ballades, opus 10
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n°18, opus 31 n°3

Radu Lupu (piano)


Il y a des récitals que l’on vit et dont on ressort l’esprit plein d’images prégnantes et de sons longtemps gravés dans la mémoire. Ceux de Radu Lupu appartiennent à cette catégorie. Le public est venu nombreux au Bozar pour vivre cette expérience, au point que des chaises ont été ajoutées sur le fond de la scène. Expérience car avec le pianiste roumain, rare à tous les points de vue, la musique s’écrit avec une majuscule, la musicalité reprend tous ses droits et le respect du compositeur est érigé en valeur inébranlable. L’ambiance créée par un éclairage minimum - se focalisant exclusivement sur Radu Lupu –, et l’allure physique, à la fois mystique, secrète et charismatique, de ce grand du clavier contribuent à faire de cette soirée un évènement particulier, pour ne pas dire singulier.


Mesurer le poids des notes, apprécier le silence entre celles-ci, extraire le suc de chacune d’elles, voilà ce qui caractérise le piano de Radu Lupu, et ceci dès une Quinzième sonate de Schubert intelligemment caractérisée, d’une parfaite intégrité, pleine de tendresse et de résignation, et dont la beauté de la sonorité ne cesse de laisser admiratif. Lors de sa précédente venue au Bozar il y a deux ans, le pianiste avait interprété l’intégralité du Premier livre des Préludes de Claude Debussy. Il nous revient non pas avec l’intégralité du Second, mais avec des extraits de ce dernier, précédés de la Danse de Puck du Premier Livre. On admire ici sa technique et les couleurs qu’il tire de son piano continuellement captivant. Avec une vision éminemment picturale et suggestive, Radu Lupu révèle les subtilités de chacune de ces pages. N’autorisant aucune pause entre celles-ci, il assure ainsi la continuité et la cohésion du discours et surtout, évite que le charme ne se rompe.


D’une grande justesse d’expression et de climat, d’une formidable acuité, l’interprétation particulièrement habitée et intrinsèquement romantique des Ballades de Brahms permet de mettre, à nouveau, en valeur un superbe travail sur le son. La Dix-huitième Sonate de Beethoven allège la lourde atmosphère créée par l’Opus 10. Avec humour et esprit, fort de sa science des contrastes, Radu Lupu anime le discours avec une verve contenue, mais laisse parler son piano de la plus belle des façons. Autant d’évidence laisse sans voix.


Evidemment, un récital d'une telle perfection à tous les points de vue ne supporte aucun bruit de salle mais le pianiste ne bénéficia malheureusement pas d'une qualité d'écoute irréprochable (à quand les portables au vestiaire ?). Le public a néanmoins eu droit, en bis, au Premier intermezzo de l'opus 117 de Johannes Brahms.


Radu Lupu est, à n'en point douter, une des grandes intelligences du piano.



Sébastien Foucart

 

 

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