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Divertissements à la française

Paris
Palais Garnier
04/08/2007 -  
Albert Roussel : Divertissement, opus 6
Darius Milhaud : Sonate pour flûte, hautbois, clarinette et piano, opus 47
Alexandre Tansman : Danse de la sorcière
Jean Françaix : L’Heure du Berger
Albéric Magnard : Quintette pour flûte, hautbois, clarinette, basson et piano, opus 8

Sabrina Maaroufi (flûte) Anne Régnier (hautbois), Jérôme Julien-Laferrière (clarinette), Gilbert Audin (basson), Eric Vernier (cor), Michel Dietlin (piano)


Des trois concerts successifs consacrés à la musique de chambre française dans le cadre des sept «Dimanches musicaux au Palais Garnier» de cette saison, le deuxième a nettement plus convaincu que le premier (voir ici), renouant en effet avec une programmation inventive qui est le plus souvent la marque de ces sessions proposées par les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris, confiée ici aux instruments à vent et placée sous le signe du divertissement. A la française, bien sûr, n’excluant donc ni l’élégance, ni la finesse, ni même un voile de mélancolie.


Le Divertissement (1906) de Roussel fascine en ce que si ces sept minutes dénotent encore l’influence de la Schola cantorum, le compositeur, qui, à trente-sept ans, n’en est alors qu’à son opus 6, y laisse déjà percer, avec sa vigueur et ses harmonies pimentées, une forte personnalité.


Encore plus rare, la passionnante Sonate pour flûte, hautbois, clarinette et piano (1918) de Milhaud mériterait pourtant sans peine sa place au grand répertoire, car ses quatre mouvements ne le cèdent en rien aux grandes partitions contemporaines, où celui qui est alors le secrétaire de l’ambassadeur Claudel à Rio se situe à la pointe de l’avant-garde, notamment par son recours à la polytonalité: nonchalance du Tranquille et même du Joyeux, dans l’esprit des Saudades, puis Emporté et Dramatique anticipant sur la modernité débridée des Etudes pour piano et orchestre. Dix-huit minutes à redécouvrir impérativement dans l’immense catalogue du compositeur aixois.


Avec la Danse de la sorcière (1923) de Tansman, seule rescapée du ballet Le Jardin du paradis, ici sous forme d’adaptation pour quintette à vents et piano, on en revient à une après-guerre plus familière, dans sa motorique et sa verdeur à la Prokofiev. Si elle omet de mentionner le Suisse Conrad Beck parmi les membres de l’Ecole de Paris, Hélène Pierrakos, qui présentait comme de coutume la soirée à un public composé pour une grande partie de touristes avant tout occupés à photographier le plafond ou, à la sortie, à tâter les marbres du grand escalier, précise en revanche fort opportunément que le très bref triptyque L’Heure du Berger (1947) de Jean Françaix ne possède pas grand-chose d’agreste, mais vise, de façon plus prosaïque, le pastis du même nom. Si les indications de la partition évoquent Satie, la musique regarde plutôt vers Poulenc, côté voyou, bien sûr, avec par exemple ces Vieux beaux, où les dérapages non contrôlés du hautbois et du basson croquent quelque personnage fat et titubant à la fois. A consommer sans modération avec les Pin-up girls et Les petits nerveux!


Retour, pour conclure, à la génération de Roussel et à l’esprit postfranckiste de son Divertissement, avec le Quintette (1894) de Magnard, où la succession des soli – piano puis magnifique clarinette de Jérôme Julien-Laferrière dans le Tendre, hautbois dans la partie centrale du Léger, impeccable basson de Gilbert Audin dans le Joyeux final – et l’allure populaire des thèmes viennent tempérer ce que la tonalité mineure ainsi que les caractères de l’écriture (volontiers contrapuntique) et de la construction (cyclique, comme il se doit) pourraient suggérer de sérieux ou de pesant.


S’il s’annonce plus traditionnel, le prochain concert (6 mai) de cette série n’en promet pas moins d’être somptueux, avec trois chefs-d’œuvre de la «renaissance» française du tournant des années 1880: le Second quatuor avec piano de Fauré, le Septuor de Saint-Saëns et le Quintette avec piano de Franck.



Simon Corley

 

 

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