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Un Samson et Dalila remarquable Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 03/21/2007 - 23* et 25 mars 2007 Camille Saint-Saëns : Samson et Dalila Carl Tanner (Samson), Olga Borodina (Dalila), Jean-Philippe Lafont (Le Grand Prêtre de Dagon), Federico Sacchi (Abimélech), Chester Patton (Un vieil Hébreu), Tie Mie Wang (Un messager), André Grégoire (Premier Philistin), Bernard Giovani (Deuxième Philistin)
Orchestre Symphonique et Chœurs de la Monnaie, Kazushi Ono (direction)
Conçu à l’origine comme oratorio, créé en version de concert à Weimar en 1877 sous l’impulsion de Franz Liszt, Samson et Dalila, le troisième ouvrage lyrique de Camille Saint-Saëns, ne fut donné pour la première fois en version scénique qu’en 1892. Aussi, bien que cet opéra d’une grande qualité d’inspiration mériterait, de nos jours, d’être davantage mis en scène, l’option de la Monnaie de le présenter lors d’une série de trois concerts à la salle Henry Le Bœuf s’avère tout à fait pertinente. Avec l’équipe de haut vol qu’elle s’est offerte pour cette belle entreprise, la maison d’opéra bruxelloise entend défendre ce chef d’œuvre (qui se trouvait déjà à l’affiche de la Monnaie, sous cette forme, en… 1878 !), avec un haut niveau d’excellence, tant vocale que instrumentale.
Impossible, en effet, de faire les choses à moitié, tant l’absence de scénographie met à nu la prestation des musiciens. Doté d’une voix métallique pleine d’éclat, le ténor Carl Tanner campe un Samson puissant et vaillant. N’accusant aucun signe de fatigue et déclamant le livret de Ferdinand Lemaire avec intelligibilité (tout comme, globalement, le reste de la distribution), il aura offert avec Olga Borodina, au deuxième acte, un de ces grands moments lyriques qu’on n’oublie pas de sitôt. Bien que sa technique soit époustouflante (formidable maîtrise des aigus) et que son interprétation soit en définitive séduisante, la mezzo russe, Dalila reconnue depuis plus de dix ans, offre une incarnation remarquable, certes, mais peut-être pas aussi prégnante et profonde que celle de Jean-Philippe Lafont, Grand Prêtre excellent et parfait de style. Le public venu nombreux aura chaleureusement salué la basse américaine Chester Patton, vieil Hébreu discret (ce qui n’exclut nullement la puissance), riche d’émotion et de noblesse. Même si son intervention fut brève, Federico Sacchi, dans le rôle d’Abimélech, aura néanmoins marqué de son empreinte cette prodigieuse distribution.
La partition instrumentale de Samson et Dalila constitue du pain bénit pour un Orchestre Symphonique de la Monnaie qui dispense, sous la direction du toujours impeccable Kazushi Ono, un grand plaisir d’écoute. Beauté des sonorités, finesse de l’intervention des solistes, belle caractérisation des climats et continuité du discours sont à mettre à l’actif d’une formation inspirée. Minutieusement préparés par Piers Maxim, les Chœurs de la Monnaie parachèvent la réussite de cette soirée.
Sébastien Foucart
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