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Tendres plaintes

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Eglise Saint Pierre le Jeune
03/15/2007 -  
Antonio Vivaldi : Stabat Mater, Sonata al Santo Sepolcro RV 130
Niccolo Jommelli : Fuge, o misera columba
Giuseppe Sammartini : Concerto pour orgue et cordes en la majeur
Gaetano Latilla : Salve Regina

Luanda Siqueira (soprano), Sacha Hatala (alto), Meike Augustin (violon 1), Françoise Augustin (violon 2), Johanna Michalak (alto), Patrick Langot (violoncelle), Elodie Peudepièce (contrebasse), Manuel de Grange (théorbe), Martin Gester (orgue et direction)


L’environnement harmonieux du jubé de l’Eglise Saint Pierre le Jeune valorise bien les musiques de ce concert, pour la plupart vénitiennes. Quant à l'acoustique douillettement enveloppante du monument, elle enrobe l'effectif instrumental, très réduit (un seul instrument par partie) en donnant l’illusion d’écouter un ensemble plus étoffé. Dès les premières mesures du Stabat Mater d’Antonio Vivaldi le ton est donné : une approche doloriste et pudique, où la plasticité des timbres instrumentaux dispense à bon escient des couleurs et une expression quasi-vocales. Tout au long du concert le climat varie peu, ce qui risque de faire passer ces musiques du XVIIIe siècle pour relativement interchangeables. Mais compte tenu des contraintes sonores du lieu cette inflation de tempi mesurés et de coups d’archets furtifs, constamment enrobés par le continuo de Martin Gester à l’orgue (assez pauvre en possibilités de registration) est probablement inévitable.


Le Concerto pour orgue de Sammartini souffre du même manque d'élan apparent. Donné en début de seconde partie, à titre d’entracte plus ludique, son interprétation pauvre en articulations perceptibles contraste avec la richesse de détails accessible sur le CD du Parlement de Musique consacré aux Concerti de Sammartini, ce qui est logique, tant l’environnement acoustique est différent. Ceci admis, la monotonie des possibilités de dialogue offertes par un ensemble aussi petit ne défend guère l’œuvre, d’une facture pourtant avenante et d'un style un rien plus «avancé» que les Concerti pour orgue de Haendel (que Giuseppe Sammartini a côtoyé durant sa longue présence à Londres). L’auditeur est aussi quelque peu gêné par l’absence de différenciation entre les parties solistes de l’orgue et les sections où il ne sert que d’instrument de continuo, ce qui nivelle trop l'architecture de ce concerto déjà pré-classique.


En tout cas la transition avec la « re-création » du Salve Regina de Gaetano Latilla (1711-1788) est judicieuse, tant la musique de ce compositeur d’opéras prolifique, de formation napolitaine, se rapproche du style galant de certains fils de Bach, voire de l’élégance mozartienne. De proportions harmonieuses et pas trop bavarde, cette partition s’écoute avec plaisir, même s’il est vrai que la juxtaposition avec le bis du concert (la dernière partie du Stabat Mater de Pergolèse), est assez cruelle pour cette composition aimablement décorative.


Le Motet Fuge, o misera columba , probablement de Niccolo Jommelli (encore que, d’après Martin Gester, une attribution à Hasse soit aussi plausible), est une découverte d’un intérêt musical que l’on peut juger supérieur. Le texte, même si on tente de lui trouver de possibles seconds degrés, indiffère gentiment (le sort d’allégoriques colombes menacées par le méchant chasseur…), la découpe est similaire au plan de l’Exsultate jubilate de Mozart et la partie vocale se révèle riche en affects variés que la jolie voix fruitée de Luanda Siqueira détaille sans emphase. La musique coule agréablement, avec une nette densification de l’inspiration dans la partie lente Dormite sub umbra coelesti, juste avant l’Alleluia final.


Dans le Stabat Mater de Vivaldi, l’alto chaleureux de Sacha Hatala ne passe pas inaperçu, avec malheureusement les avantages et les inconvénients d’une émission placée relativement en arrière : le timbre de la chanteuse se pare de belles couleurs androgynes, évidemment fascinantes, mais le manque de projection du grave de la tessiture ménage parfois dans la ligne de chant de pénibles absences de son. Quand l’acoustique nimbe le tout d’une réverbération complice le système fonctionne. Quand il s’agit d’accélérer le tempo et de vocaliser, comme dans l’Amen final, la partie soliste devient en revanche plus virtuelle que réellement audible. Un problème qui se pose moins dans l’œuvre de Latilla, dévolue surtout à des duos soprano/alto où la complémentarité des deux voix dissemblables en présence ménage des échanges intéressants.



Laurent Barthel

 

 

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