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Maison de Radio France
03/01/2007 -  
Thomas Adès : The Origin of the harp, opus 13
Pascal Zavaro : Alia – Concerto pour violoncelle
Charles Chaynes : Poèmes rimbaldiens

Jean-Marc Salzmann (baryton), Henri Demarquette (violoncelle)
Orchestre de Pau-Pays de Béarn, Fayçal Karoui (direction)


La première soirée du dernier (long) week-end de «Présences 2007» coïncidait avec les trente-six ans de la vedette de cette édition, Thomas Adès: s’il ne les a pas fêtés avec les spectateurs de l’auditorium Olivier Messiaen, sa musique n’en était pas moins présente et défendue par un autre natif de 1971, Fayçal Karoui, à la tête de l’Orchestre de Pau-Pays de Béarn, dont il est le directeur musical depuis janvier 2002. Entourée des évolutions délicieusement incongrues, sur la scène, d’un vidéaste en chaussettes, la venue de cette formation confirmait la diversification des formations qui interviennent dans le cadre du festival, préfigurant d’ailleurs sa déconcentration (forcée) dès l’année prochaine, en raison des travaux qui seront entrepris à Radio France.


Avec The Origin of the harp (1994), le compositeur britannique continue d’étonner, tant chacune de ses œuvres paraît devoir constituer une facette différente d’une personnalité décidément bien malaisée à cerner: par l’effectif requis, certes – trois clarinettes, trois altos, trois violoncelles et percussion/piano préparé – mais surtout par le choix du tableau éponyme (1842) du portraitiste, caricaturiste et peintre d’histoire irlandais Daniel Maclise (1806-1870), conservé au Musée de Manchester – Adès était alors en résidence à l’Orchestre Hallé (1993-1995).


Le traitement du sujet ne laisse pas non plus d’étonner: comme un bon vieux poème symphonique, les quatre brèves parties enchaînées (neuf minutes) narrent l’histoire de cette Rusalka celte, nymphe victime d’un impossible amour pour un mortel mais que les dieux prennent en pitié (?) pour la transformer en harpe. Nulle couleur locale, pour autant, dans ce propos intimiste, fluide – forcément – malgré un déroulement parfois conflictuel, presque impressionniste, tendre et nostalgique, où la clarinette solo tient un rôle central: difficile de croire que c’est la même plume qui a conçu Asyla ou le Concerto conciso


Pascal Zavaro, quant à lui, est actuellement en résidence à l’Orchestre de Pau-Pays de Béarn. Au lieu de la reprise de ses Three studies for a crucifixion (2003), créées à «Présences» voici trois ans (voir ici), que l’orchestre a pourtant données un peu plus tôt dans sa saison paloise, c’est, sans autre explication, Alia (2000) qui est finalement présenté au public. Peut-être parce que cette pièce de onze minutes inspirée par l’épisode biblique du songe de Jacob, dont le titre (en hébreu) peut se traduire par «montée» ou «élévation», partage avec celle d’Adès une sorte de naïveté et de fraîcheur désarmantes: quasi descriptive, évoquant, en ouverture et en conclusion, le sommeil du patriarche, elle s’intéresse surtout à sa vision de l’échelle, avec une joyeuse activité dans l’esprit de ces Américains que Zavaro semble affectionner – Adams, Reich, bien sûr, mais aussi parfois Copland.


Il est toujours réconfortant de retrouver la maîtrise vocale, instrumentale et expressive de Charles Chaynes, dont le langage, certes plus soucieux de stabilité que d’expérimentation, s’inscrit ainsi dans la grande tradition française de la seconde moitié du siècle passé, entre Messiaen et Landowski. Sur des textes qu’il a librement réarrangés à partir d’Une saison en enfer, ses quatre Poèmes rimbaldiens (2004) sont chacun précédés d’un court «récit» (dit ou chanté), accompagné des seuls piano et percussions, qui s’enchaîne attacca au «poème» proprement dit. Avec Jean-Marc Salzmann, non seulement on ne perd pas une miette du texte, mais le baryton s’investit pleinement dans ce discours et ce chant plus dramatiques que sombre, où la finesse et l’agilité de l’écriture orchestrale forcent l’admiration.


Après The Meeting (voir ici), Zavaro réserve à «Présences» davantage de premières qu’Adès, encore que son Concerto pour violoncelle (2006) ait en réalité été créé quinze jours plutôt à Pau. Pas de surprise, quelques huées et des applaudissements nourris pour cette partition de vastes proportions (trente-deux minutes), dont les quatre «parties» rendent hommage aux formes baroques: Passacaille passable, Toccata toquée, Air aérien, Gigue gigotante. L’ensemble gagnerait sans doute à être resserré et manque trop souvent de véritable dialogue concertant, mais il fournit la très heureuse occasion d’entendre Henri Demarquette, décidément l’un de nos tout meilleurs violoncellistes.


La page de l’Orchestre de Pau-Pays de Béarn sur le site de la ville de Pau



Simon Corley

 

 

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