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Numéro 1

Paris
Salle Pleyel
02/20/2007 -  et 5 mars 2007 (Toulouse)
Serge Prokofiev : Symphonie n° 1 «Classique», opus 25 – Concerto pour violon n° 1, opus 19
Gustav Mahler : Symphonie n° 1

Sayaka Shoji (violon)
Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg, Youri Temirkanov (direction)


Du 18 février au 6 mars, l’Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg et Youri Temirkanov accomplissent une vaste tournée au Royaume-Uni, en Irlande, au Benelux ainsi qu’en France: à Toulouse, pour sa conclusion, les 5 et 6 mars prochain, mais auparavant aussi à Paris pour une seule soirée. Ils s’étaient illustrés, lors de leur précédente venue, en novembre 2005 au Théâtre des Champs-Elysées, dans un superbe programme Rachmaninov (voir ici), et l’on se réjouissait donc de retrouver, cette fois-ci Salle Pleyel, la formation que Mravinsky a marqué de sa légendaire empreinte de 1938 à 1988 avec à sa tête celui qui en est le directeur artistique et chef principal depuis lors.


La Première symphonie «Classique» (1917) de Prokofiev tourne parfois à la démonstration, tant Temirkanov privilégie des tempi rapides, en particulier dans les mouvements extrêmes – avec un époustouflant Finale où les traits fusent de partout – et nonobstant une Gavotte aux ralentis appuyés. Mais, même s’il y avait à vrai dire peu de craintes quant à la cohésion de la phalange russe, la mécanique tient parfaitement le coup et l’interprétation n’en demeure pas moins riche de détails. Dynamique et fluide, colorée et contrastée, humoristique et impertinente, l’approche tient peut-être davantage du ballet que du symphonique, mais il paraît difficile d’y résister, d’autant qu’elle est assortie d’une belle prestation orchestrale, dont témoignent par exemple l’homogénéité et la précision des violons dans l’aigu au début de l’Intermezzo.


Elève de l’inévitable Zakhar Bron, premier prix du Concours Paganini de Gênes en 1999, Sayaka Shoji, en dépit de son jeune âge (vingt-quatre ans), se produit depuis longtemps avec les musiciens pétersbourgeois: elle était d’ailleurs déjà apparue avec eux en 2003 au cours de l’une de leurs précédentes visites en France (voir ici). Sa complicité avec Temirkanov, qui l’entoure d’un accompagnement d’une luxueuse transparence, est d’ailleurs évidente dans le Premier concerto (1917) de Prokofiev. Faisant valoir une technique sûre et précise, avec une petite tendance au glissando expressif, la Japonaise ne manque certes ni de mordant ni de puissance, mais son jeu paraît bien lisse, trop souvent dépourvu d’engagement, jusqu’à la laideur des sonorités du Scherzo central qui semble minutieusement calculée.


Indéniablement du beau violon, toutefois, comme elle le confirme dans le Deuxième prélude extrait des huit pièces (1912) – sept Préludes et fugues et une Chaconne – de Reger: initiative fort opportune, car aussi marquée soit-elle par l’ombre du Cantor de Leipzig, l’œuvre pour violon seul du compositeur allemand, à commencer par ses onze (!) Sonates, n’en offre pas moins un intérêt suffisant pour renouveler un choix de bis trop souvent cantonné à Bach, Paganini ou Ysaÿe.


Deux semaines avant la Philharmonie de Berlin et une semaine après le Concertgebouw d’Amsterdam (voir ici), la capitale bénéficie en ce moment d’un carrousel d’orchestres aussi prestigieux que stimulant, tant chacun possède une identité propre. Plus fruité, moins lisse et brillant que son homologue néerlandais, celui de Saint-Pétersbourg n’en dispose pas moins d’atouts pour aborder la musique de Mahler. Il le démontre dans une interprétation certes pas idiomatique de la Première symphonie (1888), mais fidèle à la partition, si ce n’est l’omission de la reprise du premier mouvement, dans l’esprit objectif grandes versions «de l’Est» laissées par Sanderling ou Kegel, avec un Finale plus cinglant que massif, peu suspect de monumentalisme ou de mauvais goût, avec cors debout pour la péroraison.


Malgré un imposant effectif de cordes (soixante-quatre), ce n’est donc pas la rondeur viennoise qui prédomine, encore que Temirkanov ménage d’étonnants moments de grâce dans le Trio du Scherzo ou bien dans les thèmes chantants des deux derniers mouvements. La manière dont le chef gère les tempi se révèle cependant déroutante: le lent est très lent, le rapide est très rapide, passant d’une façon très contrastée de l’un à l’autre, qui ne réserve guère de demi-mesures. Mais ces minutes sont à nulles autres pareilles, l’orchestre conservant, quoi qu’on en dise, un timbre bien loin d’être standardisé, avec ses basses grondantes, ses bois (hautbois, clarinettes) particulièrement verts et, bien entendu, ses trompettes tendues jusqu’à l’éclatement.


Comme lors de l’un de ses deux concerts de mars 2000 à Paris, bien qu’alors sous la baguette du second de Temirkanov, Nikolaï Alexeïev (voir ici), l’orchestre conclut par un vibrant Nimrod, neuvième des Variations «Enigma» (1899) d’Elgar: un choix qui ira certainement droit au cœur du public au cours des trois prochaines étapes anglaises de sa tournée.


Le site de l’Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg
Le site de Sayaka Shoji



Simon Corley

 

 

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