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Somptueux et voluptueux!

Paris
Salle Gaveau
02/12/2007 -  
Henry Purcell : Airs extraits de King Arthur, The Fairy Queen,…
Karina Gauvin (soprano)
Les Boréades de Montréal, Francis Colpron (flûte et direction)

La soprano canadienne Karina Gauvin commence à se faire un nom dans le milieu baroque. Après avoir illuminé récemment le Requiem de Mozart au Théâtre des Champs-Elysées avec l’Ensemble Matheus, la soprano revient pour un très beau récital à la Salle Gaveau, où elle chante de nombreux airs de Purcell, accompagnée par l’énergique ensemble Les Boréades. Le concert, comme l’explique le chef Francis Colpron au début de la soirée, est une longue suite de danses et d’airs et il va s’articuler autour de larges extraits du King Arthur et de The Fairy Queen.



Karina Gauvin possède un instrument exceptionnel : elle a également pour elle une technique précise qui lui permet de surmonter les difficultés de la partition pour donner l’illusion d’une apparente facilité vocale. Elle interprète des airs d’écritures très différentes, montrant ainsi au public qu’elle peut se lancer dans des vocalises sans fin, grâce à un très bon soutien et à un souffle important, mais aussi exécuter des tempi lents et des demi-teintes. Dans « Sheppherds, sheppherds » tiré du King Arthur, elle allège sensiblement sa voix pour rendre le passage encore plus gai. Elle affiche une bonne humeur évidente et sa voix se confond alors avec les flûtes de l’orchestre. La voix de la soprano a beaucoup de volume ce qui lui permet d’”exploser” dans quelques airs comme « Hark ! The Echoing Air » ou “Now the night is chased away” de The Fairy Queen.
La voix de Karina Gauvin peut être également très pure, comme dans le début de « See, even night herself is here » de The Fairy Queen : elle prolonge les notes avec une absence totale de vibrato, mais sans que la voix devienne blanche et désincarnée. Elle utilise le même procédé au début de « Hither, this way » du King Arthur, puisqu’elle commence l’air avec un crescendo qui se développe sur plusieurs mesures. Dans l’air « One Charming Night » de The Fairy Queen, la chanteuse se contente d’effleurer les notes: les sons émis sont alors très fins et délicieux comme l’air en son entier.


Karina Gauvin est toutefois plus à l’aise dans les airs qui appellent de la douleur et de l’intériorité. Ainsi elle est exceptionnelle dans l’air de Don Quixote « From Rosy Bowers » : cette longue scène décrit les tourments du personnage qui est en proie au désespoir et à la folie en passant par l’euphorie. La chanteuse rend parfaitement ces différents sentiments surtout quand il s’agit d’exprimer la mort : sa voix prend alors des couleurs sombres et sonores pour le passage consacré à la mort avec des « the death » presque effrayants. Elle décrit aussi très bien la folie en adoptant un tempo plus lent puisqu’elle distille les notes une à une pour ensuite reprendre sur un tempo plus vif. Pour terminer le concert elle chante la fameuse mort de Didon « When I am laid ». Même si c’est très bien chanté, l’ensemble reste assez peu émouvant. On ne sent pas vraiment mourir Didon malgré des « remember me » à peine chantés, des silences prolongés entre les phrases. En revanche l’accompagnement musical est somptueux, surtout le violoncelle qui souligne bien la gamme descendante, annonciatrice de la mort qui s’installe.


Karina Gauvin alterne airs d’opéras et songs. Elle chante évidemment le fameux « Music for a while » avec une émotion qui ne la quitte pas de tout l’air. Elle contrôle son vibrato pour le laisser se développer progressivement sur le début de « music » puis elle élargit sa voix sur la suite de la phrase.
Karina Gauvin, malgré un programme riche et éprouvant, chante deux airs de Haendel: d'abord « Torna mi a vagheggiar » d’Alcina, dans lequel elle rivalise de virtuosité dans les vocalises même si sa voix se voile parfois. Elle est en adéquation parfaite avec l’orchestre et la voix se fond dans les sonorités de l’orchestre. Elle termine le concert avec un plaintif « Lascia ch’io pianga » tiré de Rinaldo.


Le jeu des Boréades est vraiment remarquable: le premier violon tire des sons plaintifs de son instrument notamment dans « O Let me weep, ever weep » de The Fairy Queen. Les flûtistes sont très agiles et virtuoses, avec un sens du rythme qu’il convient de souligner.



Karina Gauvin reçoit un accueil très chaleureux du public, à juste titre! En effet la soprano est une fine musicienne, une technicienne accomplie et, manifestement, elle déborde d’enthousiasme pour la musique qu’elle chante. Il est à souhaiter qu’elle sera de plus en plus présente sur les scènes françaises, car ses interprétations, si riches et vivantes, ne risquent pas de laisser de marbre.



Manon Ardouin

 

 

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