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Plus drôle qu’Offenbach, tu meurs

Bruxelles
La Monnaie
02/09/2007 -  11*, 13 et 14 février 2007
Luc Brewaeys : L’Uomo dal fiore in bocca
Jacques Offenbach : Monsieur Choufleuri restera chez lui le…

Davide Damiani (L’Homme à la fleur en bouche), Yves Saelens (Un client / Chrysodule Babylas), Hendrickje van Kerckhove (une voix de femme / Ernestine), Pati Helen-Kent (une voix de femme / Madame Balandard), Isabelle Everarts de Velp (une voix de femme), Michel Trempont (Monsieur Choufleuri), Lionel Lhote (Petermann), Pierre Doyen (Monsieur Balandard)
Chœur de la Monnaie, Piers Maxim (direction) – Orchestre Symphonique de la Monnaie, Patrick Davin (direction)
Frédéric Dussenne (mise en scène), Vincent Lemaire (décors), Lionel Lesire (costumes), Mimi Jordan Sherin (éclairages), Catherine Friedland (maquillage, coiffure et perruques)


En invitant Luc Brewaeys (né en 1959) à mettre en musique la pièce L’Uomo dal fiore in bocca de Luigi Pirandello, Bernard Foccroulle, qui achèvera dans quelques mois son mandat de directeur à la Monnaie, témoigne de son engagement dans la création contemporaine.


Un homme qui se sait condamné, l’Uomo dal fiore in bocca - la "fleur en bouche" symbolisant le carcinome mortel qui se développe à la commissure des lèvres - engage la conversation avec l’avventore, le client, qui a raté son train. L’essentiel de la pièce se concentre sur ces deux protagonistes et l’on comprend sur quelles considérations existentielles elle aboutit (l’homme malade affiche son refus de mourir au client qui est à mille lieux de se préoccuper de la mort). Ce drame intérieur, où il ne se passe pas grand-chose, est très sobrement mis en scène par Frédéric Dussenne dans des décors simples, baignés dans une lumière sombre et globalement monochrome.


Le compositeur révèle un indéniable savoir-faire dans cette partition d’une quarantaine de minutes pour un orchestre assez fourni. Accompagnant adroitement le texte éminemment philosophique de Pirandello (adapté par le compositeur et son épouse), la musique, moderne et expressive, sonne sans originalité fulgurante, mais avec une belle intelligibilité et sans lourdeur. Si elle est capable de puissantes déflagrations, comme dans l’introduction, par exemple, la partie d’orchestre peut se faire également très discrète, accompagnant alors finement les chanteurs. On soulignera le long duo entre l’Uomo dal fiore in bocca et un solo de tuba (manié avec agilité par Stephan Vanaenrode). Le texte italien, "chanté déclamé", selon le compositeur, est bien défendu par Davide Damiani, qui trouve l’expressivité adéquate dans le rôle de l’Uomo dal fiore in bocca, ainsi que par un Yves Saelens très juste dans celui du client. Conduit par Patrick Davin, l’Orchestre Symphonique de la Monnaie prouve qu’il est à l’aise dans la musique de notre temps.


Difficile de trouver un lien solide avec la seconde partie du spectacle. Dans Monsieur Choufleuri restera chez lui le… d’Offenbach, le public rigole de bon cœur au délicieux texte de Monsieur Saint-Rémy et prend manifestement beaucoup de plaisir à suivre la mésaventure de Monsieur Choufleuri, campé par l’inénarrable Michel Trempont, qui a le physique du rôle et l’expérience du comique offenbachien. Le bourgeois parvenu voit les trois chanteurs italiens, qu’il a engagés pour la soirée qu’il organise chez lui (le…), se décommander un à un. Pour néanmoins assurer la fête, et bien se faire voir de ses invités, il est contraint de chanter une pièce imaginaire de bel canto avec sa fille, incarnée par la truculente Hendrickje van Kerckhove, et son amoureux, le raté Chrysodule Babylas (où l’on retrouve Yves Saelens), qu’il méprise du fait de ses basses origines. A l’issue d’une cocasse et irrésistible parodie de bel canto, Babylas, menaçant de dévoiler la vérité aux invités, obtient de Monsieur Choufleuri la main de sa fille. Le metteur en scène Frédéric Dussenne ne manque pas d’idées dans cette pièce satirique d’une quarantaine de minutes et parvient à faire rire avec beaucoup de naturel et sans forcer le trait. Dans le rôle du domestique Petermann, Lionel Lhote, véritable comédien, emprunte, mais sans exagération, l’inénarrable accent bruxellois qui fera toujours rire ceux qui croient qu’ils n’en ont pas… Mené avec adresse par Patrick Davin, l’Orchestre de la Monnaie, plus réduit que dans l’opéra de Brewaeys, défend cette partition avec ce qu’il faut d’énergie, de pétillant et de piquant. Un spectacle "vraiment succulent", comme l’a si bien caractérisé une spectatrice à la sortie de la salle.




Sébastien Foucart

 

 

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