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Offenbach s’invite au Châtelet!

Paris
Théâtre du Châtelet
02/02/2007 -  
Jacques Offenbach: Extraits de La Vie parisienne, La Périchole, … – Le Financier et le Savetier
Ghyslaine Raphanel (soprano), Delphine Haidan (mezzo), Florian Laconi, Frank T’Hézan (ténors), Franck Leguérinel (baryton)
Orchestre Pasdeloup, Jean-Christophe Keck (direction)

Dans le cadre de la série “Pleine Lune” au Châtelet, l’Orchestre Pasdeloup a rendu hommage à l’un de ses compositeurs fétiches, Jacques Offenbach. L’idée première était de reconstituer une soirée à l’époque d’Offenbach et d’utiliser les différents lieux du théâtre pour y faire de la musique. Ainsi le public est-il accueilli dans le hall d’entrée au son d’une fanfare qui joue des extraits d’Orphée aux enfers et de La Vie parisienne.



La soirée commence véritablement dans la grande salle avec un pot-pourri des plus célèbres airs d’Offenbach. Le concert s’ouvre avec l’ouverture de Madame Favart, petite pièce légère et sautillante: l’Orchestre Pasdeloup la joue avec un phrasé léger et les violons semblent seulement effleurer les notes. Delphine Haidan fait son entrée en scène avec la fameuse griserie de La Périchole qu’elle chante avec un sopuçon d’affectation: la voix est un peu lourde pour cet air et elle ne se laisse pas suffisamment aller pour être crédible. Anne-Sofie Von Otter en compagnie de Marc Minkowski, sur ces mêmes planches, avait autrement sublimé cet air. La chanteuse est nettement plus convaincante dans le trio des marmitons des Brigands et surtout dans le quintette de la truffe du Fifre enchanté: elle présente une voix longue, ronde et somptueuse, soutenant parfaitement l’ensemble des chanteurs.
Ghyslaine Raphanel retrouve Offenbach et l’Orchestre Pasdeloup après un concert à Gaveau en novembre dernier où sa voix un peu fatiguée ne lui avait pas permis de tout donner. Elle commence assez petitement le concert mais, après s’être chauffée dans l’air de Fiorella des Brigands, qu’elle chante de manière charmante et bien dans l’esprit d’Offenbach mais avec un volume sonore très réduit, elle retrouve ses moyens avec une envoûtante romance d’Elsbeth tirée de Fantasio: le refrain est de toute beauté et les couleurs de sa voix sont assez ambiguës comme le veut la tonalité utilisée par Offenbach. Elle est ensuite impayable dans le quatuor de chasse de Geneviève de Brabant, où elle reproduit le son du cor de chasse pendant presque toute la durée du morceau.
Franck Leguérinel est, comme toujours, excellentissime! Il chante l’air de Vertigo extrait de Pépito avec une maestria presque insolente: cet air est un air de bravoure parodiant le “Largo al factotum” de Figaro. Ce passage va comme un gant au baryton, dont l’agilité de la voix n’est plus à démontrer. Alors qu’il vient de l’aborder avec succès à l’Opéra du Rhin, Franck Leguérinel s’empare du rôle de Calchas dans le trio patriotique du troisième acte de La Belle Hélène. Il est un Calchas plein d’intelligence, moins colérique que François Le Roux. Le chanteur accentue souvent le vibrato de sa voix à des fins dramatiques et il utilise ce procédé à de nombreuses reprises dans cet extrait.
Frank T’Hézan est très décevant, car il possède un timbre assez laid et il mâche le texte, de telle sorte que tout le sel des paroles des librettistes d’Offenbach est perdu. Le rondo du Brésilien dans La Vie parisienne est massacré malgré un enthousiasme évident de la part du ténor. Le grand air de Bacolo d’Il Signor Fagotto est mieux réussi car il est une suite d’imitation de bruits d’animaux: il est un très bon acteur et excelle donc dans ce genre d’airs. En revanche, autant l’oublier dans Agamemnon de La Belle Hélène car il n’arrive pas au bout de la partition. La voix du chanteur ne cessera de se fatiguer tout au long de la soirée. Une méforme peut-être.
Florian Laconi est un trop généreux ténor pour s’intégrer dans le monde offenbachien: la voix est trop large, trop forte et puissante, surtout pour les morceaux qu’il interprète. Il commence avec le lamento de Piquillo de La Périchole qu’il chante, presque, comme un air de bravoure et non avec la douleur que ce passage requiert. Sa voix est trop monochrome pour qu’il puisse la nuancer. Il est également un trop vaillant Ménélas dans l’extrait de La Belle Hélène.


Après cette première partie, le public est invité à se rendre dans le grand foyer, dans le salon des glaces et dans le salon Nijinsky, où quelques musiciens et chanteurs les attendent pour partager un nouveau moment de musique. L’idée était très bonne mais assez irréalisable. Les spectateurs se sont agglutinés dans les différents lieux, coupe de champagne à la main, et il était très difficile d’accéder à l’une ou l’autre de ces salles. Le salon des glaces était consacré aux airs plus intimes comme la barcarolle des Contes d’Hoffmann, et à des duos, alors que le grand foyer pouvait contenir un petit orchestre qui jouait des quadrilles. Dans le salon Nijinsky, plusieurs instrumentistes ont joué des œuvres peu connues d’Offenbach comme la Valse de Zimmer ou bien La Prière de Moïse d’après Rossini.


Retour dans la grande salle pour l’exécution complète de l’opérette Le Financier et le Savetier. L’histoire est simple: un financier très riche ne veut pas donner en mariage sa jeune fille à un savetier sans le sou… mais malin car il va gagner au jeu tout l’argent du père. Tout se finira bien sûr dans le joie et l’allégresse. Florian Laconi campe avec brio le rôle du savetier et sa voix passe beaucoup mieux que dans les extraits donnés en début de soirée. Son personnage n’est pas sans rappeler celui d’Alfred dans Die Fledermaus parce qu’il chante tout le temps, ce qui a le don d’exaspérer le financier qui ne supporte pas la musique. La voix du ténor est plus riche, et la vaillance de sa voix est plus conforme à l’esprit du héros. Ghyslaine Raphanel est une sensible petite fille lorsqu’elle chante un compliment, appris à la pension, à son père: elle utilise la fraîcheur et la douceur de sa voix. Mais peu à peu elle prend plus d’assurance notamment dans le duo avec le savetier. Frank T’Hézan est un père bourru mais au grand cœur. Sa voix, très fatiguée, est toutefois encore suffisamment agile pour se conformer aux exigences de la partition d’Offenbach. Enfin, Franck Leguérinel donne une envergure à son personnage, pourtant annexe, de courtisan du père, qui n’a que “C’est épatant” à la bouche. Mais il y a la manière de le dire… Un petit bijou de drôlerie!
L’Orchestre Pasdeloup est idéal pour interpréter cette musique et on sent que le chef Jean-Christophe Keck aime son compositeur d’élection. Il est à l’affût des moindres nuances qu’il peut donner à la partition, comme les violons qui pleurent sur les “Je geins” de l’air de Piquillo. De manière générale, les musiciens de l’orchestre apportent un souffle et une dynamique à la musique du “petit Mozart des Champs-Elysées”.


Pour clore la soirée, un grand bal s’est déroulé dans le grand foyer au son de valses de Strauss, Offenbach, Tchaïkovski, etc… mais là aussi, seuls quelques heureux ont pu accéder à la salle et en profiter.



Ces concerts furent un savant mélange de bonne humeur, de bonne musique et de simplicité: le cocktail rêvé pour passer une soirée inoubliable. A renouveler de toute urgence!



Manon Ardouin

 

 

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