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Sprint beethovénien

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/12/2007 -  
Ludwig van Beethoven : Concertos pour piano n° 2, opus 19, n° 3, opus 37 et n° 4, opus 58

Orchestre de chambre de Lausanne, Christian Zacharias (piano et direction)


Depuis mai 2001, le public du Théâtre des Champs-Elysées retrouve une fois par saison l’Orchestre de Lausanne et celui qui venait alors d’en prendre la direction artistique, Christian Zacharias. 2001-2002 fit toutefois exception, mais le pianiste allemand y donna l’intégrale des Concertos pour piano de Beethoven avec l’Ensemble orchestral de Paris. Précisément, ce sont ces concertos que les musiciens vaudois et leur chef, fidèles à ce rendez-vous annuel, ont réservé cette fois-ci à la capitale. Si l’on parle souvent de marathon à propos de ce type d’entreprise, c’est plutôt d’un sprint qu’il s’agit ici: deux soirées consécutives, alors qu’en janvier 2002, l’intégrale était répartie sur trois concerts donnés en six jours. Par «intégrale», il faut bien entendu comprendre cinq pièces, car ont été omis la transcription par le compositeur de son Concerto pour violon, mais aussi un concerto de jeunesse en mi bémol, un Rondo (peut-être la première version du final du Deuxième concerto) et la Fantaisie chorale: de quoi nourrir un concert supplémentaire!


Le premier des deux volets de ce cycle a suscité une belle affluence: après les neuf Symphonies confiées le mois dernier à Brüggen et son Orchestre du XVIIIe siècle, le théâtre de l’avenue Montaigne ne courait certes pas de grands risques, mais ceux que prend Zacharias compensent largement les interrogations que pourrait susciter la programmation de ces pages rabâchées. Car si la même scène accueillait déjà la veille le Troisième concerto sous les doigts d’Alexeï Volodin (voir ici), les jours se suivent mais ne se ressemblent pas du tout: trop propre et lisse le jeudi, l’œuvre apparaît autrement plus inquiète et éloquente le vendredi.


En effet, l’intransigeante exploration des partitions à laquelle se livre Zacharias tient peut-être parfois de l’expérimentation mais elle se révèle toujours passionnante. A-t-on jamais entendu le soliste privilégier à ce point la transparence du dialogue, s’effaçant à de nombreuses reprises pour faire ressortir des interventions orchestrales reléguées généralement à l’arrière-plan? Et des cadences laissant libre cours non pas à une virtuosité démonstrative mais à une fantaisie quasi improvisée? Et des Rondos conclusifs aussi mordants, menés tambour battant? Dommage, dès lors, que l’Orchestre de chambre de Lausanne ne se montre pas à la hauteur: non pas que la mise en place apparaisse moins bonne que celle généralement obtenue avec un chef à part entière, non pas que l’effectif restreint (vingt-cinq cordes) pose des problèmes d’équilibre, mais la précision est trop souvent prise en défaut, tandis que la justesse aléatoire et l’acidité des vents (flûte, hautbois) finissent par devenir pénibles.


Du Deuxième concerto (1795), en réalité le premier achevé, Zacharias ne fait pas un épigone mozartien mais en souligne l’allure déjà très personnelle, la robustesse et le dynamisme, sans empêcher pour autant le lyrisme de se déployer généreusement dans l’Adagio. Dans le Quatrième (1806), dont le caractère intimiste et les demi-teintes sont généralement mis en valeur, il privilégie au contraire les contrastes, avec un Allegro moderato primesautier, interrompu par un développement central de ton particulièrement dramatique. De même, il oppose de façon très théâtrale, dans l’Andante con moto, pris dans un tempo réellement allant, des cordes à la vigueur baroque à un piano d’esprit plus romantique.


Scarlatti, son brio et sa luminosité, ne sont jamais loin avec Zacharias, même dans Beethoven: toujours en sol, le Presto alla tedesca initial de la Vingt-cinquième sonate (1809) offre un bis virevoltant et clôt ce concert que Raymond Soubie, président du conseil d’administration du Théâtre des Champs-Elysées, avait dédié, dans une allocution liminaire, à la mémoire de Francis Mayer (1950-2006), disparu le 9 décembre dernier, rendant ainsi hommage à celui qui était depuis 2002 le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations, l’institution financière propriétaire et principal actionnaire de la salle.


Le site de Christian Zacharias
Le site de l’Orchestre de chambre de Lausanne



Simon Corley

 

 

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