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Perfection brahmsienne

Paris
Théâtre des Bouffes du Nord
12/11/2006 -  
Johannes Brahms : Quatuor n° 1, opus 51 n° 1 – Quintette avec clarinette, opus 115

Pascal Moraguès (clarinette), Quatuor Prazak: Vaclav Remes, Vlastimil Holek (violon), Josef Kluson (alto), Michal Kanka (violoncelle)


La perfection n’est certes pas de ce monde, mais le Quatuor Prazak donne souvent de quoi en douter. La formation tchèque, toujours fidèle aux Bouffes du Nord, où elle retrouve un public non moins fidèle, a en effet démontré une nouvelle fois toute l’étendue de son talent dans un court programme entièrement dédié à Brahms, qui reprenait en fait celui de leur disque récemment paru chez Praga.


Le Deuxième quatuor avait été annoncé, mais c’est finalement le Premier (1873), déjà donné à Sceaux à la fin de l’été (voir ici), qui ouvre le concert. Les Prazak s’imposent par leur manière dont ils font vivre intensément chaque mesure, sans pour autant perdre de vue la construction du discours, avec une évidence et un naturel confondants. Si la façon dont ils empoignent la partition, non sans risques, semble exprimer une spontanéité sans cesse jaillissante, ce n’est jamais dans une intention purement spectaculaire ou démonstrative. Cette fidélité à l’esprit plutôt qu’au texte trouve son accomplissement grâce à une plénitude et à une maîtrise époustouflantes, rendant justice à l’ampleur symphonique de l’Allegro initial, à la chaleur de la Romance, aux demi-teintes de l’Allegro molto moderato e comodo et à la fougue de l’Allegro final. Qu’importent, à cette aune, quelques imprécisions du premier violon, qui s’estompent d’ailleurs au fil des mouvements?


En seconde partie, dans le Quintette avec clarinette (1891), l’association avec Pascal Moraguès, en parfaite connivence avec les cordes, maintient un niveau d’exception. Le velouté et la subtilité du soliste de l’Orchestre de Paris laissent parfois la place à des cris et à des stridences, mais ces couleurs sont en harmonie avec une conception souvent âpre et même rageuse, assez éloignée du climat automnal et mélancolique dont l’œuvre est généralement parée. Car les musiciens n’hésitent pas ici à cultiver les contrastes: Allegro combatif et passionné; Adagio tendre et lyrique; Andantino joyeux et malicieux. Les dernières pages du Con moto final éclairent toute la portée de cette approche inhabituellement narrative: la gravité reprend ses droits, la réapparition du thème initial traduisant un retour à la réalité que vient confirmer le couperet de l’avant-dernier accord, comme si ce qui avait précédé était un vaste regard que le compositeur avait jeté sur sa propre vie, à l’image de Smetana dans son Premier quatuor.


C’est tout le Quintette qu’il aurait fallu bisser pour satisfaire une salle enthousiaste, mais qui doit se contenter d’un extrait du troisième mouvement.


Le site du Quatuor Prazak



Simon Corley

 

 

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