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Gelber, inoubliable dans Rachmaninov

Nantes
Cité des congrès
11/08/2006 -  et 9 (Nantes), 10* (Angers) novembre 2006
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 3, opus 30
Igor Stravinski : Petrouchka

Bruno-Leonardo Gelber (piano)
Orchestre national des Pays de Loire, Isaac Karabtchevsky (direction)


Œuvre monumentale, le Troisième concerto pour piano de Rachmaninov fascine les pianistes du monde entier par ses exigences techniques à la limite du possible. Bruno-Leonardo Gelber s’impose comme un des meilleurs interprètes actuels d’une partition qu’il domine parfaitement, par son engagement, sa sonorité pleine et riche, son sens de la construction. Tout est à admirer : le contraste entre les thèmes du premier mouvement, la mise en lumière des carrures de l’œuvre grâce à des graves puissants, l’accentuation de certains contretemps pour faire avancer le discours comme chez Martha Argerich. La redoutable cadence de l’Allegro ma non troppo initial, avec son scherzando progressivement accéléré pour aboutir à de puissants accords majestueux, est remarquable de contrôle. Le final, « un acte d’amour vers le public » pour le pianiste argentin, conduit, à travers une chevauchée héroïque entrecoupée d’un épisode lent magnifiquement chanté, à une brillante péroraison déchaînant les bravos du public. Les premières mesures montrent d’emblée une parfaite connivence entre le soliste et le chef, l’orchestre se montrant un partenaire attentif, trouvant toujours sa juste place. Par rapport à leur version gravée avec l’Orchestre de la Radio Suisse italienne (TransArt), leur interprétation a encore gagné en profondeur.


Les qualités de la phalange régionale se confirment dans le célèbre Petrouchka. C’est d’ailleurs une bonne idée de proposer deux conceptions radicalement opposées de l’utilisation de la musique populaire dans la première moitié du XXe siècle : celle de Rachmaninov, héritée du romantisme et de Chopin ; celle de Stravinski, tournée vers l’avant-garde et la modernité. D’origine russe, Isaac Karabtchevsky a travaillé avec Boulez, dont il a retenu le sens de la précision. Malgré un peu de rigidité dans les passages rythmiquement délicats, comme le premier tableau, où la mesure change si souvent, les atmosphères sont bien caractérisées. On peut préférer des lectures plus violentes et plus rythmées, façon Boulez ou Bernstein, mais cette interprétation plus narrative que franchement dansante (Chez Petrouchka) convient finalement à une version de concert. Les solistes tiennent bien leur rôle : flûte, piston (Danse de la ballerine), violon solo, piano dont l’importante partie est parfois un rien couverte par le reste de l’orchestre, basson dont le staccato très appuyé ajoute à l’ironie de la valse entre la ballerine et le Maure. Si les cordes manquent un peu de présence dans les tutti (Le Marchand fêtard et des deux Tziganes), il faut noter les chatoiements des bois au début de la fête populaire, avec le pépiement des flûtes évoquant les bruits de la foule, qui rendent justice à l’orchestration brillante et audacieuse de Stravinski. Face à des formations plus prestigieuses, l’Orchestre national des Pays de Loire peut soutenir la comparaison.



Thomas Herreng

 

 

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