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Capuçon du violon à l’orchestre

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/13/2006 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Rondo pour violon et orchestre, K. 373 – Adagio pour violon et orchestre, K. 261 – Concerto pour violon n° 3, K. 216
Alfred Schnittke : Moz-Art à la Haydn
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Sérénade pour cordes, opus 48

Zürcher Kammerorchester, Renaud Capuçon (violon et direction)


«Les grandes voix», nom que n’usurpent nullement les prestigieux concerts que Jean-Pierre Le Pavec et Frédérique Gerbelle (Céleste productions) organisent au Théâtre des Champs-Elysées, Salle Pleyel ou Salle Gaveau, fonctionnent comme des poupées gigognes: parallèlement aux plus grandes vedettes du chant – après Terfel (voir ici), Te Kanawa/von Stade (voir ici) et Gheorghiu, viendra en effet le tour de Genaux, Barcellona/Florez, Netrebko/Villazon, Petibon, Alagna, Dessay/Groves, … – elles proposent, sous l’intitulé «Les grands solistes», des soirées avec les stars du violon que sont Vengerov (à deux reprises), Korcia et Khachatryan.


C’est Renaud Capuçon qui était au centre du premier de ces cinq programmes, mais, avec un sens aussi aigu du chant et de la ligne mélodique, il aurait aussi bien pu prendre place parmi «Les grandes voix» que parmi «Les grands solistes», notamment dans Mozart, bien sûr, encore et toujours. Un Mozart ici exclusivement concertant, morceaux isolés – Rondo en ut majeur (1781) et Adagio en mi majeur (1776), dans l’ordre inverse de celui indiqué aux spectateurs – mais aussi Troisième concerto (1775). Charmeur mais sans excès d’affectation, plus sage qu’avec Paul McCreesh et les voisins bâlois cet été (voir ici), le violoniste français ne s’en impose pas moins comme de coutume par sa finesse, sa couleur nostalgique, une sorte de fragilité qui n’exclut pas un vigoureux élan, et, bien entendu, par la qualité de son chant.


En début de seconde partie, le choix d’une œuvre de Schnittke constituait une excellente transition vers la Russie car il permettait de demeurer dans l’univers mozartien. Car s’il a laissé des cadences pour plusieurs concertos de Mozart, il a également démontré son intérêt pour le compositeur en inscrivant à son catalogue plusieurs partitions originales ou adaptations dont le titre recourt au jeu de mots assez facile «Moz-Art»: c’est le cas de ce Moz-Art à la Haydn (1977), pour deux violons – Capuçon et le Konzertmeister Winfried Rademacher – et (onze) cordes, qui s’est imposé au répertoire. Avec l’humour grinçant, l’éclectisme et le sens de la référence qu’on lui connaît, Schnittke offre onze minutes qui s’apparentent quasiment à du théâtre musical: aux citations mozartiennes (Moz-Art) – l’apparition fugitive de la Quarantième symphonie ravissant tout particulièrement le public – se superposent en effet des gestes typiquement haydniens (à la Haydn), qu’il s’agisse de La Surprise initiale (un accord qui retentit au moment même où la lumière revient sur la scène, jusqu’alors plongée dans le noir et dans les errances de la musique) ou des Adieux finaux (les violonistes et les altistes rejoignent les coulisses, laissant les deux violoncelles et la contrebasse dans la pénombre qui s’installe progressivement).


Si à Zurich et à Berne dans quelques jours, les musiciens interpréteront les Métamorphoses de Strauss, c’est la Sérénade pour cordes (1880) de Tchaïkovski qu’ils ont préféré présenter à Paris. A cette occasion, on aura parlé un peu rapidement de débuts de Capuçon en tant que chef d’orchestre. Mais en première partie, il est suffisamment accaparé par sa partie soliste pour laisser une grande liberté à ses partenaires, intervenant à peine pour encourager les tutti. Et, pour la Sérénade, il s’installe dans une position de primus inter pares, aux côtés du Konzertmeister en titre, et non de chef debout au centre du plateau, retrouvant ainsi la fonction de premier violon solo qu’il avait exercée sous la baguette d’Abbado à l’Orchestre des jeunes Gustav Mahler entre 1998 et 2000. Bref, s’il y a peut-être songé quand il était plus jeune, il ne se voit sans doute pas encore suivre les pas d’un Oistrakh, d’un Menuhin ou d’un Krivine, mais il souhaite bien davantage, à l’image de ce que font déjà Perlman, Mintz ou Mutter, pouvoir nouer une complicité avec un ensemble, dans un cadre concertant et de façon conviviale.


De fait, la greffe a visiblement bien pris avec la phalange suisse, même si l’on voit bien que sous le musicien d’orchestre, le soliste et le chambriste ne tardent pas à poindre, tant il peine à rester coi sur sa chaise. Et l’on renonce sans grande tristesse au confort d’un effectif (vingt-trois cordes) qu’on aurait pu rêver plus opulent pour se consoler avec une approche pleine de grâce et d’éloquence, sans surcharge expressive, qui porte ainsi la patte de Capuçon, servie par une formation remarquable, à commencer par son homogénéité.


En bis, la reprise de la Valse est précédée de trois des Six danses populaires roumaines (1915/1917) de Bartok.


Le site des concerts «Les grandes voix»
Le site de l’Orchestre de chambre de Zurich



Simon Corley

 

 

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