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Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/08/2006 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour deux pianos, K. 375a [448]
Franz Schubert : Fantaisie en fa mineur, D. 940
Maurice Ravel : Ma Mère l’oye
George Gershwin : Rhapsody in blue

Katia et Marielle Labèque (piano)


Les années passent, mais les sœurs Labèque, leurs silhouettes élancées et leurs amples crinières brunes, donnent cette impression si rassurante que le temps est immuable. Et les mêmes questions reviennent toujours. Sont-elles jumelles? Non, car elle ne sont pas nées à Rochefort, mais à Bayonne. Peut-on différencier l’aînée Katia de sa cadette Marielle? Oui, car elles sont respectivement habillées en rouge et en bleu. Sont-elles mariées aux frères Kontarsky? Non, car le répertoire pour quatre pianos est trop limité. Consacrent-elles toute leur carrière aux sœurs Labèque? Non, car Katia, par exemple, est l’une des accompagnatrices attitrées de Viktoria Mullova.


Emmené par l’énergie survoltée et les mugissements de Katia, le duo mord à pleines dents dans la musique, avec un charisme qui ne manque jamais de séduire le public. Dès la Sonate pour deux pianos (1781) de Mozart, l’instinct domine sur la rigueur, mais le dialogue n’en fonctionne pas moins impeccablement. On a sans doute déjà entendu davantage de rondeur dans cette œuvre aimable et optimiste, mais elles s’y investissent avec leur élan coutumier, sans s’alanguir dans l’Andante et en mettant en valeur le caractère plaisant de l’Allegro molto final, à l’image du gruppetto particulièrement incisif du thème principal.


Réunies devant le même clavier pour la Fantaisie en fa mineur (1828) de Schubert, les deux pianistes réussissent en revanche de façon plus inégale, avec une approche indécise – mais c’est peut-être aussi le propre d’une «fantaisie» – oscillant entre les soupirs et pâmoisons de l’Allegro molto moderato, la distance du Largo (mais également la fougue de ses accords pointés) et la vigueur de la fugue conclusive.


Ouvrant la seconde partie du concert, Ma Mère l’oye (1910) de Ravel semble traduire les mêmes hésitations, entre une surcharge de rubato et d’intentions (Pavane de la Belle au bois dormant, Le Jardin féérique) et un refus des effusions (Petit poucet, Les Entretiens de la Belle et de la Bête), plus ravélien s’il ne confinait parfois à la froideur ou la sécheresse. En revanche, la féerie digitale de Laideronnette, impératrice des pagodes révèle des nuances enchanteresses.


La Rhapsody in blue (1924) était donnée dans une version présentée comme «originale», alors qu’il s’agit simplement de l’état de la partition avant son orchestration par Grofé. De fait, on retrouve bien l’intégralité de la partie soliste, entourée d’un accompagnement lui-même d’une écriture indéniablement pianistique. Dans ce cheval de bataille, Katia et Marielle s’imposent en accomplissant un réjouissant numéro, tout de fracas et de clins d’œil, celui qu’attendaient les spectateurs du Théâtre des Champs-Elysées.


Les sœurs Labèque complètent ce court programme par trois bis dans le même esprit, notamment les adaptations du deuxième des Trois préludes (1926) de Gershwin et de Maria, extrait de West side story (1957) de Bernstein.


Le site des sœurs Labèque



Simon Corley

 

 

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