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D’un anniversaire l’autre

Paris
Salle Pleyel
10/18/2006 -  et 19 octobre 2006
Henri Dutilleux : Symphonie n° 2 «Le Double»
Robert Schumann : Concerto pour violoncelle, opus 129 – Symphonie n° 2, opus 61

Daniel Müller-Schott (violoncelle)
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


Dans la saison de l’Orchestre de Paris, Dutilleux passe le relais à Schumann: même si l’on pourra encore entendre Correspondances en janvier et The Shadows of time en mars, ce concert était en effet à la fois le dernier de quatre programmes consécutifs comportant chacun une pièce du compositeur français, toujours présent pour saluer les musiciens et signer des autographes avec sa courtoisie coutumière, et le premier d’un vaste panorama consacré à Schumann, qui proposera, d’ici le mois de mai, ses quatre symphonies, l’intégralité de ses œuvres concertantes ainsi que ses Scènes de Faust. Une initiative qui croisera en chemin le cycle Schumann au programme très voisin que donneront par ailleurs Kurt Masur et l’Orchestre national de France, concentré quant à lui sur le mois de février, l’Orchestre de Paris et son directeur musical ayant d’ailleurs déjà eux-mêmes honoré Schumann en octobre 2001 (voir ici et ici).


C’est avec des textures aussi raffinées que celles de la Deuxième symphonie «Le Double» (1959) de Dutilleux que l’on mesure ce que peut apporter l’acoustique de la nouvelle Salle Pleyel, qui différencie bien les douze solistes du reste de l’orchestre et qui, rendant en même temps parfois difficile la localisation de l’origine du son, satisfait ainsi l’intention du compositeur de «créer par des moyens naturels une sorte de relief sonore, du fait de la dispersion dans l’espace d’instruments groupés d’ordinaire en familles homogènes». La qualité de la réalisation instrumentale, renversante de perfection, pourrait à elle seule suffire au bonheur du public, mais cette maîtrise ne vient jamais brider l’émotion, tant Christoph Eschenbach sait assurer la fluidité et la continuité du discours.


Si le «double» évoque le Doppelgänger de Schubert, il suggère également la schizophrénie de Schumann, surtout avec sa propre Deuxième symphonie (1846), témoignant d’une bataille remportée dans son combat avec les démons qui allaient finalement l’emporter sept ans plus tard. Eschenbach et ses musiciens présentent un somptueux travail d’orchestre, avec un confort et un raffinement sonores de chaque instant, une plénitude sans opulence excessive – où ailleurs à Paris peut-on entendre de telles basses? – traduisant une magnifique cohésion qui fait aisément oublier les critiques qui ont souvent été adressées à l’instrumentation de Schumann. A peine ternie par quelques-uns des péchés mignons du chef allemand (ralentis, nuances dynamiques inhabituelles), qui semble goûter chaque mesure avec gourmandise, cette vision ne rend peut-être qu’imparfaitement justice à l’inquiétude et à l’errance, aux déchirements et aux angoisses que porte la partition, mais le résultat se révèle d’une plastique époustouflante, que ce soit dans un Scherzo précis et articulé ou dans un Adagio espressivo très retenu, à la limite de l’asphyxie et aux relents tristanesques.


Entre-temps, la déception de cette soirée sera venue d’un Concerto pour violoncelle (1850) peu convaincant sous l’archet de Daniel Müller-Schott. Le jeune Allemand, habitué à faire équipe avec des artistes tels qu’Anne-Sophie Mutter, Julia Fischer, Sakari Oramo ou André Previn, était-il dans un mauvais jour? En effet, tant la technique – portamenti hardis, justesse irrégulière, projection insuffisante face à un orchestre pourtant réduit (quarante cordes) – que l’expression – surcharge d’affects, élasticité du tempo – posent problème, laissant en outre le sentiment que la générosité et la subjectivité du propos appelleraient une sonorité plus ronde et chaleureuse. Demeurent toutefois un Adagio dépouillé et intériorisé, un Vivace final de caractère fantasque et, surtout, en bis, la Prière, première pièce du triptyque De la vie juive (1924) d’Ernest Bloch, qui convient visiblement mieux au tempérament de l’interprète.


Le site de Daniel Müller-Schott



Simon Corley

 

 

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