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Créations concertantes

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/17/2006 -  
Igor Stravinski : Concerto «Dumbarton oaks»
Philippe Hersant : Le Tombeau de Virgile (création)
Thierry Pécou : L’Oiseau innumérable (création)
Arthur Honegger : Symphonie n° 2

Isabelle Moretti (harpe), Alexandre Tharaud (piano)
Ensemble orchestral de Paris, Andrea Quinn (direction)


La cinquième édition des «Paris de la musique» met décidément à l’honneur les femmes chefs d’orchestre: succédant à Claire Gibault avec l’Orchestre Colonne (voir ici), Andrea Quinn, directrice musicale de l’Orchestre symphonique du Norrlandsoperan (Umea), était ainsi à la tête de l’Ensemble orchestral de Paris. Autre vedette de ce festival, le Stravinski néoclassique – après le Concerto en ré et Pulcinella, c’était cette fois-ci le Concerto «Dumbarton oaks» (1938) –réussit mieux à la Britannique qu’à la Française: usant d’une gestuelle très diserte, tour à tour souple et carrée, parfois un rien nerveuse voire crispée, elle en donne une lecture mordante à souhait, souffrant ici ou là d’une prédominance excessive des vents sur les cordes.


Mais c’est la création, en présence de leur auteur, de deux œuvres concertantes commandées par Musique nouvelle en liberté qui était au cœur de ce concert. Philippe Hersant explique que Le Tombeau de Virgile lui a été inspiré non seulement par ce site napolitain mais par les croyances selon lesquelles l’écrivain latin serait l’auteur de «musiques et chansons traditionnelles» de la ville. Pour évoquer ses «trois mille ans d’existence», il a choisi la harpe, «instrument immémorial, qui peut se montrer tour à tour hiératique et volubile – profane et sacrée».


Le titre et le lieu suggèrent un nouveau Paysage avec ruines, l’une des partitions les plus justement célèbres du compositeur, mais en fait, il n’en est rien. Certes, comme toujours chez Hersant, les citations explicites abondent, dans différents styles (chanson, danse populaire, madrigal de Gesualdo ou Chant de la Sybille), mais il tourne ici résolument le dos aux climats mélancoliques qu’il affectionne d’ordinaire: des atmosphères mystérieuses, colorées par les magnifiques graves de l’instrument d’Isabelle Moretti – qui réalise le tour de force d’assurer cette première par cœur – alternent librement avec des pages festives, claires et lumineuses. Mais ces dernières constituent toutefois le point faible de ces vingt-cinq minutes, décrivant par trop au premier degré, tarentelle et tambourin à l’appui, une Italie de carte postale à la manière de Tchaïkovski, Strauss ou Respighi.


L’Oiseau innumérable de Thierry Pécou doit son titre à une phrase du poète martiniquais Edouard Glissant: «La pensée du tremblement éclate partout… elle s’étend infiniment comme un oiseau innumérable, les ailes semées du sel noir de la terre.» De fait, ce concerto pour piano déborde d’une activité incessante et même le mouvement lent ne renonce pas à l’ostinato: bigarré et fortement rythmé, il évoque fortement – on ne sait si la référence enchantera le compositeur – le Concerto de Jolivet, dont il possède également la force tellurique, la tendance paroxystique et l’énergie percussive, le soliste étant même amené à frapper sous le clavier, comme un guitariste le ferait sur la caisse de résonance. En permanence sur le qui-vive, jouant de l’effet de surprise, l’ensemble produit une impression aussi forte que réjouissante.


Acteur à la fois fin et valeureux de ces vingt minutes écrasantes, Alexandre Tharaud offre en bis son adaptation du Largo du Concerto en ré mineur de Bach, lui-même transcrit de Vivaldi, toujours aussi miraculeux de sonorité et d’expression que dans son enregistrement paru chez Harmonia mundi.


Le bis se voulait, de l’aveu du pianiste, un remerciement à l’admirateur de Bach qu’est Pécou, mais il constituait en même temps une transition vers Honegger, qui vénérait tout autant le cantor, et vers l’univers de sa Deuxième symphonie, qui se clôt sur un choral. Ceux qui, trop nombreux, ont quitté le Théâtre des Champs-Elysées après les deux créations auront raté – tant pis pour eux – une belle interprétation, certes instrumentalement assez faible, mais remarquablement animée par Andrea Quinn, de cette symphonie, hélas la seule des cinq, peut-être en raison de l’effectif modeste qu’elle requiert, à apparaître encore assez régulièrement à l’affiche: mouvement initial balançant idéalement entre poésie et véhémence, Adagio mesto à la progression impeccablement menée, Final inhabituellement dansant et rebondissant, comme anticipant la libération du choral conclusif.


Le site de Philippe Hersant
Le site d’Alexandre Tharaud



Simon Corley

 

 

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