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Cordes en fête

Paris
Salle Gaveau
10/05/2006 -  
Edward Elgar : Introduction et Allegro, opus 47
Aulis Sallinen : Chamber music VI: Trois Invitations au voyage, opus 88 (création)
Dimitri Chostakovitch : Deux pièces pour octuor à cordes, opus 11
Igor Stravinski : Concerto en ré
Benjamin Britten : Variations sur un thème de Frank Bridge, opus 10

Quatuor Debussy: Christophe Collette, Anne Ménier (violon), Vincent Deprecq (alto), Alain Brunier (violoncelle)
Orchestre d’Auvergne, Arie van Beek (direction)


Les «Paris de la musique», le festival triennal de «Musique nouvelle en liberté», proposent pour leur cinquième édition, du 27 septembre au 21 octobre, dix concerts structurés cette année autour d’une thématique assez peu contraignante, la «génération baby boom», qui permettra de retrouver des compositeurs français nés entre 1945 et 1955, notamment Manoury, Dusapin, Murail, Hersant ou Canat de Chizy, et rendra hommage à trois grands disparus (Florentz, Greif et Grisey), sans que les aînés (Amy, Mâche) et les cadets (Pécou, Tanguy) ne soient oubliés pour autant.


«Pari» réussi, en tout cas, que la venue de l’Orchestre d’Auvergne et de son directeur musical, Arie van Beek, devant un public hélas trop clairsemé, dans un beau programme de musique pour cordes seules, auquel était associé en première partie le Quatuor Debussy. Dans Introduction et Allegro (1905) d’Elgar, le propos, carré et très affirmé, manque parfois de rondeur, mais le chef néerlandais insuffle à ses vingt et un musiciens une inlassable énergie, tout en assurant une bonne articulation entre le quatuor soliste et les cordes.


Présentées ici en création, les Trois Invitations au voyage d’Aulis Sallinen associent également un quatuor et un orchestre à cordes. Cette sixième pièce d’un cycle de Musiques de chambre entamé en 1975 obéit à une coupe assez traditionnelle (modéré/lent/vif), dans laquelle les mouvements sont de plus en plus brefs, pour une durée totale de vingt-deux minutes. Modeste dans ses prétentions, pour ne pas dire timoré, le compositeur finlandais, présent pour l’occasion, a livré une partition de facture très (néo)classique, n’offrant que peu d’aspérités et se refusant à toute recherche sur les sonorités ou le langage, comme s’il se livrait nonchalamment à la rêverie que suggère le titre baudelairien qu’il a choisi. C’est notamment le cas dans le premier mouvement, formant près de la moitié de l’œuvre, où le discours, un tantinet répétitif, semble hésiter et se chercher sans cesse, à peine troublé par une inquiétude diffuse. Le deuxième mouvement prend un tour plus élégiaque et expressif, ce que confirme sa dédicace à «un ami de Provence très proche» qui vivait ses derniers jours au moment même où Sallinen écrivait ce morceau. Sans surprise, le troisième mouvement conclut sur des rythmes évoquant la danse.


Les chefs de pupitres de l’orchestre se joignent ensuite au Quatuor Debussy pour interpréter avec tout le panache requis les Deux pièces (1925) pour octuor de Chostakovitch, témoignage éloquent d’une époque à la fois marquée par le retour à Bach et par un esprit de provocation aussi sain que réjouissant, bien loin des sages aquarelles de Sallinen.


En seconde partie, dans deux grands classiques du répertoire pour cordes, Arie van Beek confirme sa capacité à dynamiser à chaque instant l’Orchestre d’Auvergne. Il offre d’abord du Concerto en ré (1946) de Stravinski une vision assez inhabituelle, où l’ironie et la distance pince-sans-rire, généralement mis en valeur dans ces trois mouvements, laissent la place au jeu et au risque, au charme et aux contrastes, à l’élan et la verve, et même à la sensualité et au lyrisme, caractérisant ainsi fortement les épisodes successifs. La soirée se conclut par les brillantes Variations sur un thème de Frank Bridge (1937) de Britten. Les couleurs et la justesse ne sont certes pas celles de Vienne ou de Berlin, mais qu’importe, car la cohésion et la mise en place ne laissent pas à désirer et, surtout, la moindre note est habitée, le tout déborde d’enthousiasme et de naturel, d’engagement et de vie.


On se réjouit donc déjà de pouvoir retrouver l’Orchestre d’Auvergne et Arie van Beek le 5 février prochain au Théâtre des Bouffes du Nord avec Juliette Hurel dans un programme consacré à Suzanne Giraud, C.P.E Bach et Bartok.


Le site des «Paris de la musique»

Le site du Quatuor Debussy



Simon Corley

 

 

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