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Correspondances Paris Musée d'Orsay 10/03/2006 - Anton Webern : Quatuor «1905», M. 79
Robert Schumann : Quatuor n° 1, opus 41 n° 1
Quatuor Psophos: Ayako Tanaka, Bleuenn Le Maître (violon), Cécile Grassi (alto), Eve-Marie Caravassilis (violoncelle)
La programmation musicale proposée à l’Auditorium du Musée d’Orsay demeure fidèle à une recette aussi commode qu’éprouvée, procédant par cycles thématiques – opportunément rapprochés, Brahms et Fauré entretiendront ainsi tout au long de l’année un dialogue très prometteur – au cours desquels les grands interprètes se succéderont (Isabelle Faust, David Grimal, Mischa Maisky, le Quatuor Belcea, …). L’ouverture de la saison coïncidait avec celle du cycle «Maurice Denis et la musique», une série de quinze concerts qui, d’ici le 16 mars prochain, fera le tour des préférences (Schubert, Schumann, Debussy), des amis (Chausson) et des contemporains (Saint-Saëns, d’Indy, Ravel, Roussel, Poulenc) de l’auteur des fresques qui ornent la coupole du Théâtre des Champs-Elysées, tout en mettant en regard des œuvres contemporaines (Dutilleux, Takemitsu, Harvey).
S’il entame une «résidence» au Théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet à compter du 16 octobre, le Quatuor Psophos n’en était pas moins invité pour donner le coup d’envoi de ces correspondances entre peinture et musique. Pourquoi commencer par Webern? Le lien entre le compositeur autrichien et l’artiste français ne semble en effet pas évident, mais le dépliant distribué au nombreux public de l’auditorium précise fort heureusement que le Quatuor «1905» de Webern a été directement inspiré par le Triptyque des Alpes du peintre italien Giovanni Segantini, admiré de Maurice Denis. De cette partition d’un seul tenant et d’apparence rhapsodique, instable et foisonnante, dense et exigeante en termes d’intonation quoique appartenant encore à l’univers tonal, les musiciennes font une sorte de poème héritier de La Nuit transfigurée, sans forcer pour autant le trait postromantique.
Si son nom ne vient pas nécessairement parmi les tout premiers lorsque l’on évoque le genre du quatuor au XIXe siècle, Schumann semble décidément avoir les faveurs des jeunes formations françaises: après les Renoir (voir ici) et les Amedeo Modigliani, les Psophos abordent ainsi le Premier quatuor (1842). D’une grande diversité de couleurs et d’attaques, leur interprétation manque d’autant moins de séduction qu’elle est servie par une superbe sonorité d’ensemble, privilégiant, dès le premier mouvement, une vision sensible, mais aux épanchements toujours maîtrisés, parfois même retenus, avec un Scherzo au refrain presque heurté, un Adagio sans effusions excessives et un Presto final robuste et incisif. Davantage que vers un romantisme échevelé, cette approche tend vers un idéal classique, qui était celui de Mendelssohn, au demeurant dédicataire des trois Quatuors de Schumann.
C’est d’ailleurs précisément Mendelssohn qui vient compléter, en bis, ce programme un peu court: l’Andante espressivo ma con moto du Troisième quatuor (1838), joué avec un étonnant engagement expressif qui évoque de manière assez inattendue un climat plus… schumannien que mendelssohnien.
Le site de l’Auditorium du Musée d’Orsay
Simon Corley
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