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Un Turc à Cinecittà Lausanne Opéra 09/22/2006 - et les 24, 27*, 29 septembre et 1er octobre 2006
Gioacchino Rossini: Il Turco in Italia
Simone Alaimo (Selim), Inga Kalna (Fiorilla), Alberto Rinaldi (Geronio), Kenneth Tarver (Don Narciso), Riccardo Novaro (Prosdocimo), Brigitte Hool (Zaida), Davide Cicchetti (Albazar)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, chef de chœur et clavecin: Véronique Carrot. Orchestre de Chambre de Lausanne, direction musicale: Paolo Arrivabeni. Mise en scène: Tobias Richter. Assistant mise en scène: Ivo Guerra, décors et costumes: Gian Maurizio Fercioni, assistante décors et costumes: Veronica Rosafio, lumières: Henri Merzeau
Coproduction avec le Théâtre du Capitole de Toulouse et la Deutsche Oper am Rhein Düsseldorf-Duisbourg, en collaboration avec l’Opéra de Vichy
C’est une nouvelle production fluide et pétillante du Turc en Italie de Rossini qui a ouvert la saison 2006-2007 de l’Opéra de Lausanne. Pour le plus grand bonheur des spectateurs, qui n’ont pas manqué de manifester leur enthousiasme à la fin de la soirée. En fait, ce Turc vaut surtout pour sa distribution vocale, en tête de laquelle il convient de placer la révélation de cette série de représentations, la soprano Inga Kalna, dans le rôle de Fiorilla. La chanteuse lettone a ébloui le public lausannois par son art des vocalises et son abattage scénique, malgré quelques stridences dans la voix. Ces qualités lui ont permis de tenir la dragée haute à deux vétérans confirmés de ce répertoire, Simone Alaimo en Selim et Alberto Rinaldi en Geronio. Le premier a conféré grandeur et noblesse à un Turc particulièrement sonore sur le plan vocal, éloignant ainsi le personnage, fort pertinemment d’ailleurs, de la caricature dans laquelle il est d’usage de le faire tomber. Le second a lui aussi évité les grosses ficelles de l’opéra bouffe pour composer un mari en fin de compte émouvant dans ses tentatives de se réconcilier avec son épouse. On notera aussi l’excellente prestation de Riccardo Novaro en Poète ainsi que les débuts prometteurs à Lausanne de Brigitte Hool en Zaida et de Davide Cicchetti, deux jeunes chanteurs que le directeur de l’Opéra a fidélisés pour la saison. Seul Kenneth Tarver, Don Narciso, est passablement en retrait.
Dans le souci de parler au public d’aujourd’hui, Tobias Richter n’a pas voulu proposer une énième turquerie en turban, mais a opté pour une transposition dans l’univers du cinéma italien des années 50. Une période symbolique, d’autant qu’elle n’est pas très lointaine des Six personnages en quête d’auteur de Pirandello, où, comme dans Le Turc, le théâtre est joué dans le théâtre. L’action se déroule à l’intérieur (1er acte) puis à l’extérieur (2e acte) d’un palace. De magnifiques costumes nous plongent dans une ambiance à la Dolce Vita, alors qu’une Vespa, un bar design et une multitude d’appareils photos sont les accessoires utilisés pour faire couleur locale. L’idée paraît séduisante, tout est parfaitement huilé, mais dans les faits la mise en scène se limite le plus souvent à une mise en place des chanteurs et des choristes sur le devant de la scène, immobiles. Mais, on l’a dit, le public n’en a cure, tant le plateau vocal fait des merveilles. Qui plus est, fort bien accompagné par un chœur en grande forme et un orchestre finement dirigé par Paolo Arrivabeni.
Claudio Poloni
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