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Fatalités russes

Oviedo
Eglise San Isidoro el Real
08/22/2006 -  
Dimitri Chostakovitch : Quatuors à cordes nº 7, opus 108, et nº 1, opus 49
Igor Stravinski : Trois pièces pour quatuor à cordes
Piotr Illich Tchaïkovski : Quatuor à cordes nº 2, opus 22

Quatuor Kopelman: Mikhaïl Kopelman, Boris Kuschnir (violon), Igor Sulyga (alto), Mikhaïl Milman (violoncelle)


Le septième concert du troisième festival de musique d’Oviedo constituait une pause à deux égards : tout d’abord était délaissé un temps le cent cinquantième anniversaire de la mort de Robert Schumann (pour celui du centième de la naissance de Chostakovitch) et était inauguré un nouveau lieu de concert pour cette année, l’église des Jésuites, classique mais aux riches retables baroques : San Isidoro.


Le programme était intégralement russe et interprété par des Russes. Le Quatuor Kopelman, du nom de son fondateur et premier violon, membre pendant vingt ans du mythique Quatuor Borodine, comptant dans ses membres deux fondateurs du Quatuor de Moscou (Boris Kuschnir, second violon, et Igor Sulyga, alto) interpréta en effet quatre œuvres de compositeurs russes des dix-neuvième et vingtième siècles.


Le Septième quatuor de Chostakovitch (1960) est assurément un de ses plus bouleversants. Sur les cimes du désespoir, pour reprendre les mots de Cioran, les Kopelman, évidemment très proches des Borodine, furent exemplaires. Le violoncelle fut notamment impressionnant dans le Lento. Peu de quatuors au monde sont sans doute capables de rendre les aspects implacables de l’Allegro final comme le quatuor Kopelman, sans coups d’archet, sans grincements et avec une telle aisance.


Les trois petites Pièces de Stravinski qui suivaient, datant de 1914, constituèrent une sorte d’intermède, sans développement aucun, avant le retour de Chostakovitch. Le violoncelle fut à nouveau extraordinaire dans la Danse initiale jouant le rôle du tambour avec une seule corde, avant la pièce centrale, Excentrique, très ironique et le retour de la fatalité russe dans le Cantique final.


Le Premier quatuor de Chostakovitch (1938) est encore une œuvre de jeunesse qui n’a pas encore la puissance dramatique des partitions ultérieures, malgré la date de sa composition, mais les Kopelman furent à nouveau souverains, l’alto étant tout de charme dans les berceuses du Moderato et le premier violon d’une légèreté inouïe dans l’Allegro final très signé, le second violon (un Stradivarius), étant légèrement moins parfait.


Le Deuxième quatuor de Tchaïkovski (1874) fut ensuite interprété très sobrement comme savent le faire les Russes. Après un premier mouvement très virtuose où le compositeur n’a pas grand chose à dire mais le dit avec beaucoup de notes et le Scherzo comportant des cantilènes où le violon fait assaut de charme, l’Andante permet à nouveau au violoncelle de montrer sa supériorité dans l’expression du Fatum, avant que la fugue acérée de l’Allegro final ne vienne s’évanouir dans les épanchements indécents typiquement tchaïkovskiens des dernières mesures.


Les applaudissements du nombreux public, où l’on comptait beaucoup de Russes, permirent aux Kopelman d’offrir en bis le deuxième mouvement, Scherzo, du Troisième quatuor de Tchaïkovski (1876), où le compositeur s’amuse à faire passer un thème d’un instrument à l’autre. Tout fut à nouveau parfait.



Stéphane Guy

 

 

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