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Netrebko superstar

Salzburg
Felsenreitschule
07/30/2006 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Ouvertures de Don Juan et d'Idoménée, airs d'opéras, Symphonie "Prague"
Anna Netrebko, Patricia Petibon, Magdalena Kozena, Michael Schade, Thomas Hampson, René Pape, Orchestre Philharmonique de Vienne, dir. Daniel Harding

C’est une « matinée de gala », avec des stars du festival. Le public est choisi : on croise des grands noms de la politique, des affaires et des médias. Les Français reconnaissent leur ministre de la culture et leur commissaire européen. Programme Mozart, évidemment. Mozart de luxe, avec une Philharmonie de Vienne brillant de tous ses feux.
Pour commencer, Daniel Harding, dont Salzbourg non plus ne saurait se passer, dirige sèchement, comme à son habitude, l’Ouverture de Don Juan. Viennent ensuite des airs d’opéras, là où des airs de concert auraient été beaucoup plus intéressants. René Pape chante l’air du catalogue de Don Juan avec une raideur totalement contraire aux canons du chant italien. On lui préfère de loin Michael Schade, souple et racé, susurrant délicatement ses nuances en Titus ou en Ottavio – le pianissimo des cordes viennoises, dans « Dalla sua pace » est à peine croyable. Patricia Petibon se tire fort bien, sans se défaire totalement de ses manières de soprano léger à la française, de l’air d’Aspasie « Nel grave tormento » de Mithridate, aussi dramatique que virtuose. Dans « Parto, ma tu ben moi » de La Clémence de Titus, on écoute autant, sinon plus, le clarinettiste que Magdalena Kozena – qui a toujours cet air de jeune fille au pair BCBG comme on en aimerait pour ses enfants, toute parfaite qu’elle soit – encore que son grave semble limité pour Sextus. Last but not least Thomas Hampson arrive, une des stars préférées du public. Lui fait au moins preuve d’originalité : dans Cosi fan tutte, il choisit l’air primitivement destiné à Guglielmo au premier acte, remplacé par « Non siate ritrosi » plus en situation, et devenu ensuite air de concert. Beaucoup plus développé, il flatte davantage le chanteur et le baryton américain s’y montre grand styliste, sobrement comique, même si son émission et son timbre aujourd’hui terni appellent toujours certaines réserves.
La seconde partie commence par l’Ouverture d’Idoménée, où l’orchestre semble tempérer les élans asséchants du chef. La jeune Ekaterina Siurina, Ilia dans la production de l’opéra proposée au festival, même encore un peu verte, séduit d’emblée par la qualité du timbre et celle du phrasé, sa voix se mariant harmonieusement avec les superbes vents de l’orchestre. Après que Magdalena Kozena – Idamante dans la même production - l’a rejointe pour un très beau «S’io non poro », vient le tour de celle qu’on attend. Last but not least, là encore. C’est qu’Anna Netrebko, la Netrebko, est ici la star des stars, icône de la presse people et des médias. On la voit à la télévision, à la une des magazines, partout. Le gouvernement autrichien, pour qu’elle passe les frontières aisément, vient de lui accorder en grande pompe la double nationalité – la presse nationaliste, en Russie, se déchaîne. Chopard l’a engagée pour promouvoir ses créations. Le numéro d’août de Park Avenue, dont elle fait la couverture, nous apprend des choses intéressantes : « Elle boit de la vodka et danse jusqu’au petit matin. » Le sofa où elle a chanté Violetta l’an dernier « le plus célèbre divan depuis Freud » a été mis en enchères – mise à prix : 10.000 euros – pour contribuer au financement de la Haus für Mozart. Le mélomane reste plus serein, même si l’air d’Electre « D’Oreste, d’Aiace » est fort bien chanté. Sa Suzanne de cette année, par exemple, n’a rien d’inoubliable et c’est ignorer la sémantique qu’en faire une diva. Quant à la comparer à Callas, il suffit d’écouter sa Traviata. Mais la robe bustier est si belle et flatte tellement sa jolie taille… Les usages étant ce qu’ils sont, il faut néanmoins terminer la « matinée de gala » avec l’orchestre. C’est la Symphonie « Prague » : les musiciens ne s’en laissent décidément plus conter et le bouillant chef arrondit les angles, plus souple rythmiquement, théâtral mais sans excès dans les contrastes.
La Philharmonie de Vienne a donné son cachet pour contribuer, elle aussi, au financement de la Haus für Mozart, autrement dit du petit Festpielhaus transformé. Les chanteurs et le chef, apparemment, ont gardé le leur.




Didier van Moere

 

 

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