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Un puissant Requiem!

Paris
Basilique de St-Denis
06/08/2006 -  et le 9 juin 2006*.
Giuseppe Verdi : Requiem
Angela Brown (soprano), Béatrice Uria-Monzon (mezzo), Rolando Villazon (ténor), Roberto Scandiuzzi (basse)
Choeur de Radio France - Orchestre Philharmonique de Radio France
Myung-Whun Chung (direction)

C’est avec une fougue exemplaire que Myung-Whun Chung et ses chanteurs ont défendu le difficile Requiem de Verdi! Cette oeuvre demande beaucoup aux choristes, aux musiciens et aux chanteurs tant elle est dense et puissante mais tous se sont associés pour apporter une superbe énergie et une interprétation éblouissante à cette partition.



Les quatre solistes réunis sont d‘une grande qualité: Angela Brown assume avec un certain aplomb la lourde partie de soprano, notamment le “Libera me” qui demande une force vocale impressionnante. La voix de la jeune soprano est claire, sans être trop puissante et d’une majesté remarquable. Elle fait merveille dans les ensembles car elle survole le chant des autres chanteurs avec une certaine distanciation. Le “libera me” montre toutefois les limites vocales de la chanteuse car si elle alterne les notes poitrinées sur “tremens”, “factus”, elle crie parfois les notes plus aiguës.
Béatrice Uria-Monzon est absolument parfaite! Sa voix a rarement été aussi belle et assurée et elle se joue de toutes les difficultés de la partition pour apporter une interprétation soignée et musicale à la partie de mezzo. Son premier “Eleison” donne le ton de sa prestation avec une voix magnifique et pleine, tout en étant habitée. Dans le “liber scriptus”, elle distille les “nil” avec une émotion et les silences, qui les séparent, deviennent éloquents. Le duo avec la mezzo “agnus dei” est très bien négocié, mais c’est surtout dans le “lux aeterna” qu’elle donne le meilleur d’elle-même: le début est somptueux et la voix se place naturellement au point que les notes semblent flotter dans la basilique.
Rolando Villazon fait ses débuts dans la partie du ténor de cette oeuvre et sa “prise de rôle” est tout à fait enthousiasmante. Il apporte une élégance à l’ensemble du quatuor et il laisse toute sa musicalité exploser dans le “ingemisco”. L’orchestre se fait ici un peu plus sourd et il peut donc conduire avec grâce cette page. Le passage où il est accompagné d’un seul instrument est absolument superbe car il chante cela en mezza-voce et avec une retenue qu’on ne lui connaît guère sur scène. Il semble totalement pris par et dans la musique et son exécution donne autant le frisson que quand il chante “va repose en paix” de Roméo. Un autre moment de grâce a eu lieu dans le “hostias” où sa voix est devenue aérienne: seuls des coups intransigeants de l’orchestre pouvaient la briser.
Roberto Scandiuzzi soutient l’ensemble avec une voix sonnante et puissante. Il connaît la partition sur le bout des doigts et il la chante plus comme une oeuvre lyrique que comme une oeuvre religieuse. Au début de sa prestation cette approche peut paraître assez surprenante et au bout de quelques mesures, elle devient très intéressante et il est certain que Verdi n’a pas oublié dans son Requiem quel subtile et talentueux compositeur d’opéra il est. Dans sa première intervention “Tuba mirum” il exécute un decrescendo sur les “mors” répétés: peu à peu il donne moins de puissance mais sa voix prend plus de profondeur, tout à fait poignant! Mais cette remarque est surtout valable pour le “Confutatis” où il raconte vraiment une histoire: les “voca me” sont criants de vérité, parfaitement lisibles. La lumière s’installe ensuite dans sa voix pour la fin du passage.


Giuseppe Verdi laisse une large place au choeur. La partition est très difficile pour lui et le choeur de Radio France, malgré une acoustique peu confortable, délivre une interprétation précise et délicate. Dès les premières notes, il est clair que les choristes ne vont pas se limiter à exécuter des notes: le début du concert commence dans une douceur excessive et Myung-Whun Chung adopte un tempo très lent pour laisser au choeur le temps de murmurer les différents “requiem”. En revanche, dans le “dies irae”, le choeur chante à pleine puissante et le chef les emmène dans des gammes très rapides avec une telle intensité que cela en devient presque effrayant. Il les fait presque parler dans les “quantus tremor” sur un rythme très haché et il joue fortement sur les contrastes des nuances, forte, piano, etc… Le “sanctus” (choeur divisé en deux) est remarquable et les “pleni sunt” sont totalement aériens.
La direction du chef coréen est exemplaire et d’une très grande puissance. Accusé de jouer souvent trop fort, il peut ici se laisser aller à son penchant et même il le faut car le Requiem de Verdi est une oeuvre qui doit faire peur, qui doit bouleverser par sa violence. Le pari est entièrement tenu ce soir!




A noter:
- Rolando Villazon et Roberto Scandiuzzi se retrouveront pour Lucia di Lammermoor à Orange les 29 juillet et 1er août 2006.


Manon Ardouin

 

 

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