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La science de Sokhiev

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/24/2006 -  
Claude Debussy : Prélude à l’Après-midi d’un faune
Maurice Ravel : Shéhérazade
Hector Berlioz : Symphonie fantastique, opus 14

Magdalena Kozena (mezzo)
Orchestre national du Capitole de Toulouse, Tugan Sokhiev (direction)


Après avoir accueilli la veille le festival «Piano aux Jacobins» (voir ici), le Théâtre des Champs-Elysées ne quittait pas la «ville rose», puisqu’il recevait l’Orchestre du Capitole. A cette occasion, Tugan Sokhiev, contrairement à ce qui pu être hâtivement avancé, ne faisait pas ses débuts dans la capitale, puisqu’il a déjà dirigé l’Orchestre philharmonique de Radio France en décembre 2005, puis l’Orchestre national le mois suivant (voir ici). Mais la première apparition parisienne du jeune chef ossète – il n’a pas encore vingt-neuf ans – à la tête de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, dont il est «chef principal invité» et «conseiller musical» depuis avril 2005 – et ce dans un programme 100% français que n’aurait pas renié Michel Plasson, qui l’a précédé durant trente-cinq ans à ce poste – a suscité, en cette veille d’Ascension, l’affluence des grands soirs.


Malgré une réalisation instrumentale moyenne, le Prélude à l’Après-midi d’un faune (1894) de Debussy témoigne d’un indéniable travail d’orchestre, mais au bénéfice d’une conception tout sauf idiomatique, lente et hédoniste, avec ses phrasés longuement étirés, entre Wagner (Parsifal) et Strauss (Don Juan).


Ces sonorités capiteuses siéent davantage à Shéhérazade (1903) de Ravel, trois poèmes pour lesquels Magdalena Kozena, (blonde) sultane, fait son apparition dans une tenue digne de la Danse des sept voiles. Peinant d’abord à trouver ses marques au-delà d’un medium certes impérial, la mezzo tchèque, malgré un réel effort de diction, déçoit, dans Asie et La Flûte enchantée, par sa prudence et sa froideur, qu’elle abandonne, dans L’Indifférent, pour une incarnation plus vériste que fidèle au caractère allusif de l’art ravélien.


En seconde partie, dans la Symphonie fantastique (1830) de Berlioz, Sokhiev semble vouloir procéder à une démonstration de sa science, et celle-ci est indéniable: il sait faire chanter l’orchestre (Scène aux champs, lui transmettre ses volontés (articulation, variations de tempo) et construire soigneusement des progressions dramatiques. Très recherchée, son interprétation donne ainsi des éclairages nouveaux, souvent bienvenus, sur une partition dont la richesse est évidemment inépuisable, mais ne se perd pas pour autant dans les détails, omettant au demeurant les reprises des premier et quatrième mouvements. Théâtral et excessif – mais, après tout, ce n’est pas ici du Mendelssohn, et Berlioz autorise, exige même la démesure – l’ensemble demeure parfaitement contrôlé et ne manque pas d’allure, de puissance, de vigueur (Marche au supplice) et d’audace (conclusion du Bal), servi par une formation où les cordes graves s’illustrent tout particulièrement.


En bis, l’Intermezzo de Paillasse (1892) de Leoncavallo achève de conquérir les spectateurs, qui pourront retrouver l’orchestre et son chef dès la saison prochaine, le 13 janvier à Pleyel puis le 2 juillet à Saint-Denis.


Le site de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse



Simon Corley

 

 

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