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Un opéra sacré

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/04/2006 -  et le 5 mai 2006
Ludwig van Beethoven : Missa solemnis
Anne Schwanewilms (soprano), Elina Garanca (mezzo-soprano), Pavol Breslik (ténor), Hanno Müller-Brachmann (basse), Chœur de Radio France (dir. Matthias Breuer), Maîtrise de Radio France (dir. Toni Ramon), Orchestre National de France, dir. Kurt Masur.

On transforme parfois la Missa solemnis en une liturgie un peu statique, comme s’il fallait insister sur son côté brucknérien avant l’heure. Tel n’est pas le cas de Kurt Masur, qui la prend à bras-le-corps, voire l’empoigne, moins soucieux de fondre les sonorités comme le faisait un Karajan que de les mettre à nu, quitte à paraître, ici ou là, un peu rugueux – il est vrai que l’acoustique des Champs-Elysées, malgré les travaux effectués l’été dernier, a toujours tendance à assécher le son, qu’il s’agisse du chœur ou de l’orchestre. Bref, le chef dramatise, théâtralise l’œuvre, comme s’il dirigeait moins un œuvre sacrée qu’un opéra, faisant de la Missa solemnis le pendant tardif de Fidelio. Et on se laisse emporter, presque malgré soi, par cette interprétation plus brute que polie, finalement plus proche des emportements du Sturm und Drang que de la religiosité romantique – et peut-être par là éminemment beethovénienne, non sans repérer quelques décalages ou quelques départs incertains, dus à la rudesse de l’épreuve à laquelle il soumet son monde. Si le chœur et l’orchestre paraissent s’engager avec enthousiasme sous sa bannière – solo très inspiré de Luc Héry dans le « Benedictus » - les solistes laissent une impression mitigée. Après des débuts instables, Anne Schwanewilms trouve ses marques et déploie la splendeur de son aigu dans le « Benedictus », mais son timbre reste un peu sec pour une partie somme toute assez extatique. Elina Garanca, dont l’ascension au firmament des stars ne semble plus faire de doute, n’a pas encore la profondeur et l’intériorité imposées non seulement par sa partie, mais par l’esprit de l’œuvre. Hanno Müller-Brachmann se révélant un peu timide, c’est au fond Pavol Breslik qui retient le plus l’attention, belle voix de ténor, à la fois souple et brillante, parfaitement en phase avec les options du chef.


Didier van Moere

 

 

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