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Virtuosité et musicalité!

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/20/2006 -  
Airs d’opéra: Mozart, Rossini, Donizetti…
Juan Diego Florez (ténor) - Vincenzo Scalera (piano)

Après un concert triomphal la saison dernière dans ce même lieu, Juan Diego Florez revient achever de conquérir le public parisien qui lui offre une ovation dès son entrée sur scène. En quelques années, ce jeune ténor péruvien s’est imposé comme le digne successeur de son compatriote Luigi Alva dans le répertoire rossinien. Ce soir il donne un récital assez éclectique puisque Mozart côtoie Bellini, Donizetti et Verdi…



Juan Diego Florez dans Mozart? Cette association semblait a priori assez étonnante pour un chanteur qui a fondé sa réputation sur les vocalises rossiniennes. Mais les réserves ne sont plus de mises dès les premières notes de “Dies Bildnis” de Die Zauberflöte! Depuis quand n’avons-nous pas entendu un Tamino aussi élégant, aussi raffiné et expressif… Le ténor adopte un tempo assez lent laissant ainsi chaque note se développer et avec quelques nuances, quelques couleurs il raconte une histoire et peint un personnage. Il chante ensuite un air peu connu de Cosi fan Tutte “Ah lo veglio” et sa parfaite technique lui permet de maîtriser les grandes envolées sur un legato parfaitement huilé. Enfin il termine sur le “Il mio tesoro” de Don Giovanni qui n’est peut-être pas l’air qui lui correspond le plus. Ici le tempo est plus rapide. Les vocalises sont bien conduites mais de manière assez académique sauf à la fin où elles sont retenues.
Passée cette mise en voix avec Mozart, Juan Diego Florez aborde Rossini avec L’Esule qu’il distille note à note avec de jolis retards, des nuances et surtout un legato général charmant. Il chante ensuite l’air du Turco in Italia, opéra qu’à notre connaissance il n’a pas encore interprété à la scène, avec une liberté vocale et une assurance non dévoilées jusque-là dans le concert. Il effleure les mots et les notes comme dans le passage “pietoso amor” qui revient plusieurs fois mais auquel il donne une intensité et des couleurs différentes.
La deuxième partie du concert débute par trois fameuses mélodies de Bellini. “Malincolia” a rarement été chanté avec autant de charme, de douceur et de soleil dans la voix. Juan Diego Florez fait tout en nuance et en élégance. Deux airs d’opéra suivent ensuite avec “Linda si ritiro” de Linda di Chamonix qui est véritablement le moment le plus musical, le plus prenant du concert. Il apporte une véritable dimension au personnage et à sa plainte par des jeux de nuances, des piani, etc… Pour conclure le concert, il aborde Lucrezia Borgia qui requiert une voix assez soutenue. Mais il s’en sort très bien et apporte la virilité et la force nécessaires au héros et aux notes qui peignent son état d’esprit.
En général les chanteurs donnent deux, trois bis et se retirent après une soirée bien remplie. Mais devant une salle aussi déchaînée, il ne peut quitter la scène qu’après avoir chanté sept bis! Du jamais vu! Il commence par le final de l’air du deuxième acte du Barbier de Séville où il peut montrer ses facilités dans les vocalises et ses qualités de comédien. Changement de répertoire avec l’air du duc de Mantoue “la donna è mobile” où il fait une démonstration de ses possibilités dans une tessiture plus lyrique. Ce duc est très brillant, très jeune mais Juan Diego Florez prend de plus en plus de consistance par rapport à l’enregistrement dans son dernier récital et à sa prestation dans son concert de la saison dernière. Il se joue des difficultés de la partition notamment dans le “pensier” qu’il retarde et qu’il garde ensuite longuement. Petit détour par les mélodies de son pays avec, entre autres, La Flor de La Canela qui bénéficie également d’une couleur plus claire, plus limpide que dans d’autres versions connues (par exemple celle de Placido Domingo) mais qui n’est pas dénué de passion et d’intensité. Il chante aussi une mélodie de Massenet Ouvre tes yeux bleus qui est un petit joyau de douceur auquel Juan Diego Florez rend justice avec des élans dans la conduite de la voix. Il termine le concert par l’air redoutable de La Fille du régiment “ah mes amis” qu’il interprète avec une facilité qui frise l’insolence. Les contre-ut sont exécutés avec une précision parfaite et l’ensemble est chanté avec entrain et joie.


Vincenzo Scalera est un pianiste parfaitement honnête, qui soutient sans faille le chanteur. On le voudrait un peu plus musical et un peu moins passionné (un piano parfois trop fort) mais il sait bien marier son phrasé avec celui du ténor et lui laisser le temps de tenir ses notes, etc…



Juan Diego Florez connaît toutes les ficelles pour mettre un public dans sa poche et il y parvient avec sa voix charmeuse, ses aigus brillants et sonores et son phrasé ensorceleur. Toutefois il serait encore plus convaincant s’il ajoutait à son obstination de la perfection un peu de laisser-aller. Les airs d’opéra - surtout ceux déjà abordés sur scène - sont bien meilleurs que les mélodies car il s’abandonne à la musique et aux personnages. On ne peut qu’espérer le revoir très bientôt sur une scène parisienne car il fait partie du cercle très fermé des meilleurs ténors du moment!




A noter:
- Juan Diego Florez vient de sortir un nouveau disque “Sentimiento latino” composé d’un florilège des plus belles chansons péruviennes, mexicaines, etc… ainsi que le DVD du Barbiere di Siviglia enregistré au Teatro Real de Madrid en 2005, chez Decca.


Manon Ardouin

 

 

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