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Tom Jones revu et - mal - corrigé

Lausanne
Opéra
01/20/2006 -  et les 22, 25, 27 et 29 janvier
Philidor : Tom Jones
Sébastien Droy (Tom Jones), Sophie Marin-Degor (Sophie), Marc Barrard (monsieur Western), Sibyl Zanganelli (madame Western), Carine Séchehaye (Honora), Rodolphe Briand (Blifil), Léonard Pezzino (Allworthy), Pierre Arbel (Dowling), Ana Tordera (l’Aubergiste). Sinfonietta de Lausanne, dir. Jean-Claude Malgoire. Mise en scène : Vincent Vittoz. Décors : Philippe Léonard. Costumes : Michel Ronvaux. Lumières : Roberto Venturini.

Plus encore qu’à la musique, Philidor dut sa célébrité à son talent pour les échecs, où il était sans rival ; auteur d’une Analyse du jeu d’échecs, publiée à Londres, il fut un des piliers du Café de la régence, où il se mesurait aux joueurs les plus habiles. Côté musique, cet élève de Campra fut un des maîtres de l’opéra-comique français, à une époque où ce dernier s’ouvrait aux influences italiennes. Créé en 1765 à la Comédie-Italienne, Tom Jones, adaptation très brève et donc peu fidèle du copieux roman de Fielding, passe pour son chef-d’œuvre. En l’inscrivant au programme de sa saison, l’Opéra de Lausanne célèbre un anniversaire : Tom Jones y fut créé en 1766. La production, malheureusement, est très inégale, à tous les niveaux. Sébastien Droy, jeune ténor à l’émission haute, au joli timbre, montre une grand aisance dans le rôle de Tom, ne forçant jamais ses aigus grâce à une tessiture parfaitement homogène. La Sophie de Sophie Marin-Degor, en revanche, gâche la clarté de son articulation et son joli style par ses acidités, surtout au premier acte. On la préfère cependant à l’Honora de Carine Séchehaye, plus acide encore, ou à la madame Western de Sibyl Zanganelli, dont le médium sonne creux. Mais on se console en écoutant Marc Barrard chanter monsieur Western, modèle de déclamation à la française dans un rôle redoutable se situant en réalité entre le baryton et le ténor, ou Rodolphe Briand, toujours parfait dans les rôles de composition, impayable dans le vilain et ridicule Blifil. Les hommes sont donc le meilleur élément de la distribution. Tous auraient en tout cas mérité, et le Sinfonietta de Lausanne avec eux, une direction moins lourde, moins indigente et moins désordonnée que celle de Jean-Claude Malgoire, incapable de mettre en valeur les timbres d’un orchestre souvent très fruité, parfois en décalage avec la scène. La mise en scène de Vincent Vittoz est elle aussi très inégale, malgré des anachronismes bienvenus, parce qu’elle ne peut échapper aux facilités d’un comique éculé qui sent le patronage. Il y a cependant des moments réussis, comme le finale de l’opéra, où l’on sent un côté buffa mozartien. On s’interroge également sur le bien-fondé des modifications apportées au texte et au contexte par le metteur en scène, sous couvert de mise au goût du jour ; on se lasse très vite de voir madame Western transformée en chef de chantier obsédée par les maisons à construire ou à retaper ; faire de son frère, dès qu’il cesse de chanter, une sorte de Raimu façon Pagnol n’est pas non plus très cohérent par rapport au reste de l’histoire. Quant à rajouter des comédiens au troisième acte « afin de donner une touche de théâtre dans le théâtre, bouleversant ainsi, sur les derniers instants de l’opéra, les codes de la représentation », comme le dit Vincent Vittoz, c’est faire vraiment beaucoup de bruit pour rien. Cela dit, on ne passe pas un mauvais moment et on reste assez content de découvrir ou de redécouvrir une pièce maîtresse de l’histoire de l’opéra-comique français.


Didier van Moere

 

 

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