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Mésententes

Paris
Salle Pleyel
06/07/2000 -  
Manuel de Falla : La Vie brève (Intermezzo et Danse espagnole n° 1) - Nuits dans les jardins d’Espagne - L’Amour sorcier - Le Tricorne (Suite n° 1 et 2)

Alicia de Larrocha (piano), Carmen Linares (cantoara)
Orchestre de Paris, Rafael Frühbeck de Burgos (direction)

Au cours de son long séjour parisien (1907-1914), Falla découvre Debussy et Ravel, et c’est sans doute dans les Nuits dans les jardins d’Espagne que cette influence s’entend le plus. Etrangement, Frühbeck de Burgos semble fuir cette parenté : plus descriptif qu’évocateur, il met davantage en lumière les affinités rutilantes ou rythmées de cette musique avec Richard Strauss ou Bartok. Souvent puissant et grandiose, voire lourd et envahissant (avec, il est vrai, un orchestre fourni, comprenant soixante cordes), il porte son attention sur une succession d’instants, non sans une certaine tendance à se perdre dans les détails. La mésentente est on ne peut plus complète avec Alicia de Larrocha : ne cédant à aucune facilité, mais trop souvent dominée par l’orchestre, elle défend, quant à elle, avec une rigueur tenace, le versant nocturne de la partition. A de rares moments, quand le dialogue s’établit entre la soliste et l’orchestre, l’émotion parvient enfin à passer.

L’Amour sorcier souffre du même décalage. Certes, l’approche descriptive du chef espagnol convient ici sans doute mieux à l’action que la musique vise à décrire. Toutefois, en se limitant à un technicolor raide et dépourvu de tout sentiment d’urgence, il est aux antipodes de l’âpreté plus réaliste recherchée par Carmen Linares, dont la voix (sonorisée) éraillée à souhait et d’une justesse relative s’essouffle au fil de l’oeuvre.

Seul face à un orchestre en grande forme, Frühbeck de Burgos, qui semble bénéficier d’un accueil favorable des musiciens malgré une battue assez peu orthodoxe, est plus convaincant. Très soucieux des nuances dynamiques et du phrasé dans les extraits de La Vie brève, il interprète les suites du Tricorne de manière vive et incisive, toujours au premier degré. Ceci étant, des défauts d’équilibre entre les pupitres et le recours à des effets très appuyés donnent parfois des résultats décevants, tout particulièrement dans la Danse finale de la seconde suite, transformée en concerto pour tuba et donnant une écrasante impression de défilé pachydermique.



Simon Corley

 

 

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