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Virtuosités

Paris
Maison de Radio France
12/16/2005 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Sérénade n° 9 «Posthorn», K. 320
Serge Rachmaninov : Rhapsodie sur un thème de Paganini, opus 43
Boris Blacher : Variations sur un thème de Paganini, opus 26

Jean-Frédéric Neuburger (piano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Hugh Wolff (direction)


Les directeurs de la musique se succèdent à Radio France, où Thierry Beauvert remplace Jacques Taddei, démissionnaire, tout en conservant la direction de France Musique, mais les week-ends «Porte ouverte» se poursuivent sans heurts, avec cette fois-ci sept concerts gratuits autour du thème «Musique et virtuoses» et permettant notamment d’entendre l’orgue (Ghislain Leroy), le piano (Marc-André Hamelin) ou le violon (Dimitri Makhtin) en solo, mais aussi des chants sardes ainsi que l’Orchestre du CNSMDP.


C’est également dans ce cadre que l’Orchestre philharmonique proposait un programme dont la première partie possédait pourtant un rapport assez lointain avec la virtuosité: chez Mozart en effet, il est encore un peu tôt pour employer un terme qui, dans son acception actuelle, est davantage associée au romantisme. Cela dit, Hugh Wolff, chef de l’Orchestre symphonique de la Radio de Francfort depuis 1997, n’en dirige pas moins la Neuvième sérénade «Cor de postillon» (1779) de façon tout à fait convaincante. Gestes et attitudes résolument expressifs à l’appui, il conjugue, dans une approche d’un classicisme irréprochable, fermeté et rondeur, respiration et contrastes, sonorité symphonique et légèreté d’un effectif limité à trente-deux cordes. Dans ce répertoire qui ne pardonne pas la moindre faiblesse, et en ce sens peut-être virtuose, l’orchestre se révèle tout à fait à son avantage.


S’il est en revanche un archétype incontestable de la virtuosité, c’est bien Paganini, représenté ici non par l’une de ses œuvres, mais par deux des nombreuses séries de variations qu’ont inspirées son Vingt-quatrième caprice (lui même sous forme de variations, au demeurant). Si, en venant à Paris, Wolff retrouvait sa ville natale, Jean-Frédéric Neuburger renouait quant à lui avec les souvenirs de son troisième grand prix au Concours Long-Thibaud 2004: non seulement c’est dans cet auditorium Olivier Messiaen qu’il avait été couronné, mais il avait alors également reçu le prix décerné par l’Orchestre philharmonique de Radio France, qui accompagnait l’épreuve concertante finale. Orchestre dont le premier violon n’est autre que Svetlin Roussev, lui-même troisième grand prix de l’édition 1999 de ce concours...


Peu nombreux sont les pianistes français qui s’intéressent à Rachmaninov: après avoir démontré que la redoutable Seconde sonate n’était pas de nature à l’impressionner (voir ici), Neuburger aborde la Rhapsodie sur un thème de Paganini (1934) avec un souci de clarté et d’objectivité, voire de distance, qui, malgré une technique assurée, n’exacerbe ni le brillant volontiers diabolique de l’écriture, ni même les épanchements lyriques de la fameuse dix-huitième variation. Non sans culot, les trente secondes du Septième prélude (1839) de Chopin donné en bis pourront probablement être interprétées comme une pirouette en forme d’antithèse (ou d’antidote) à la virtuosité.


Avec les Variations sur un thème de Paganini (1947) de Blacher, le Philhar’ revenait aux grandes heures de l’ère Janowski, dont ce fut l’un des chevaux de bataille: succès sans faille pour tous les pupitres dans ce véritable concerto pour orchestre, où la virtuosité de Paganini semble contaminer l’ensemble des musiciens. Dans ce difficile exercice de rythme et de précision, Wolff cultive une lisibilité presque pédagogique et toujours bienvenue, caractérisant soigneusement chacune des variations, même si l’on peut sans doute en concevoir des visions plus sombres, tendues ou jazzistiques.



Simon Corley

 

 

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