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Prise de rôle pour Juan Diego Florez

Barcelona
Gran Teatre del Liceu
11/21/2005 -  et les 24, 25, 27*, 29, 30 novembre, 2, 3, 5, 9 et 12 décembre 2005

Gioachino Rossini: Semiramide


Darina Takova*/Nelly Miricioiu (Semiramide), Daniela Barcellona*/Ewa Podles (Arsace), Ildar Abdrazakov*/Simon Orfila (Assur), Juan Diego Flórez*/José Manuel Zapata (Idreno), Sandra Pastrana*/Eliana Bayon (Azema), Miguel Angel Zapater (Oroe), Eduardo Santamaria (Mitrane), Randal Jakobsch (l’ombre de Nino)


Chœur et Orchestre du Liceu de Barcelone, direction musicale: Riccardo Frizza. Mise en scène: Dieter Kaegi


Par définition, les opéras belcantistes servent avant tout à mettre les voix en valeur. Et au fond, l’intrigue n’a guère d’importance, d’autant qu’elle est souvent alambiquée et parsemée de coups de théâtre les uns plus invraisemblables que les autres, comme c’est le cas dans Semiramide. La question est alors de savoir s’il ne serait pas plus judicieux de présenter ces ouvrages en version de concert, plutôt que de les affubler d’une mise en scène. L’interrogation est d’actualité avec la reprise à Barcelone d’une production née à Pesaro en 2003. Le Suisse Dieter Kaegi fait fi de Babylone, de ses jardins suspendus et de ses palais pour transposer l’action dans une salle de conférence de science-fiction, à mi-chemin entre Star Trek et le Docteur Folamour, avec au centre une grande table ronde (ah, les chevaliers…) couverte d’ordinateurs, et au mur du fond d’immenses tableaux électroniques représentant les différentes parties du globe. Des délégations du monde entier animent le plateau, des hôtesses tout droit descendues de leur avion leur servant à boire et à manger. Bref, le public a l’impression d’assister à l’assemblée générale d’une ONU intergalactique, censée résoudre des conflits éternels. Idée originale ou saugrenue? Honnêtement, difficile de trancher...


Mais qu’importe finalement, puisque l’intérêt du spectacle réside essentiellement – pour ne pas dire exclusivement – dans la prise de rôle de Juan Diego Florez en Idreno, les autres solistes principaux de la première distribution ayant déjà été entendus à Pesaro. Dès les premières notes, la surprise est de taille: le médium du ténor a manifestement gagné en consistance et l'émission est débarrassée de son caractère nasal. Si la voix n'est pas des plus puissantes, on ne peut qu'admirer l’aisance dans les vocalises, le style du phrasé et l’extraordinaire contrôle du souffle. En très grande forme donc, le chanteur a déclenché l’enthousiasme après chacun de ses deux airs. Pour ses débuts au Liceu, Daniela Barcellona a elle aussi été très applaudie en Arsace, un rôle auquel elle confère noblesse et prestance, et dont elle maîtrise parfaitement le style et la technique, avec une voix qui, comme pour Florez, a gagné en substance. Quant à la voix opulente et suggestive d’Ildar Abdrazakov, elle convient bien au rôle d’Assur, même si on aurait pu souhaiter davantage de nuances. Le rôle-titre, pour terminer, a été très honnêtement interprété par Darina Takova, ce qui en soi est déjà un exploit, tant il est tout simplement meurtrier. Mais la chanteuse manque cruellement d’épaisseur, vocale et scénique, au point que son Bel raggio lusinghier passe presque inaperçu. Dans la fosse, on retiendra le nom d’un jeune chef qui commence à se faire une réputation dans ce répertoire – Riccardo Frizza – mais qui n’a pas toujours su trouver auprès des musiciens de l’Orchestre du Liceu la légèreté et la fraîcheur qui s’imposent pour cette partition.




Claudio Poloni

 

 

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