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God Save the Queens

Marseille
Opéra
11/18/2005 -  20, 22 et 24 novembre
Benjamin Britten: Phaedra
Henry Purcell: Dido and Aeneas


Phèdre et Didon (Stéphanie d’Oustrac), Belinda (Isabel Monar), Deuxième Dame (Sin Nyung Hwang), La Magicienne, un esprit (Svetlana Lifar), Première sorcière (Yu Ree Yang), Deuxième sorcière (Christine Labadens), Enée (Paulo Szot), un marin (Bruno Comparetti).
Orchestre et chœurs de l’Opéra de Marseille, Sébastien Rouland (direction musicale), continuo (Yvon Repérant), Mise en scène, décors et costumes (Yannis Kokkos), Chorégraphie (Richild Springer), lumières (Patrice Trottier).

Production de l’Opéra de Nancy et de Lorraine.

Après la courageuse création en langue corse de San Piero Corso en ouverture de saison, l’Opéra de Marseille, avec Phaedra de Benjamin Britten, Dido and Aeneas de Henry Purcell ce soir, et Maria Golovine de Menotti un peu plus tard dans la saison, nous conduit sur des sentiers, disons, un peu moins fréquentés et l’on s’en réjouit.
Regrouper dans une même soirée deux œuvres que trois cents ans séparent - Phaedra, cantate dramatique pour mezzo-soprano fut composée en 1976 et Didon et Enée date de 1689 – pouvait paraître singulier tant les styles musicaux ont évolué en trois siècles. Pourtant, la soirée ne manquait pas d’unité. D’abord par la nature même de ces deux reines « infortunées », comme les appelait Chateaubriand, dont les amours impossibles ne trouvent une issue que dans la mort. Ensuite et surtout, par la mise en scène sobre autant qu’élégante de Yannis Kokkos qui souligne avec force le caractère universel de ces deux destins tragiques. Bien sûr, Phèdre n’étant pas un opéra, on ne s’étonnera pas de ne trouver pour tout décor qu’une lumière rouge qui nimbe crûment toute la scène et par instants, l’ombre même du personnage, debout et altière alors que Phèdre vient de s’effondrer. Ombre qui d’ailleurs viendra errer au pied du cadavre de Didon, comme pour souligner les amours immortelles des deux reines.
On s’en tiendra là pour les éloges. Pour Didon et Enée, force est de constater que musicalement, personne – à l’exception peut-être de la Belinda d’Isabel Molnar et de l’Enée de Paulo Szot – n’est à l’aise dans le répertoire baroque, et encore moins avec la langue anglaise qui devient une bouillie inintelligible dans la bouche des solistes et des chœurs - il serait faux d’avancer comme excuse l’idée (reçue) selon laquelle la langue anglaise ne se prête pas à l’opéra. Stylistiquement, Stéphanie d’Oustrac, qui possède au demeurant une voix ample, chante Britten et Purcell de la même façon : avec des accents véristes pour le moins déplacés. Dans la fosse, on s’en tire à peine mieux. Après une exécution (capitale) de l’ouverture de Didon et Enée qui laisse augurer du pire, Sébastien Rouland, à la force du poignet, parvient à obtenir tant bien que mal un peu plus de cohésion de ses musiciens, mais c’est au détriment du plateau où l’on se dissipe à l’envie : décalages, flottements et retards donnent à l’ensemble un côté très brouillon.
La soirée donnait quand même au public marseillais l’occasion de célébrer, même modestement, deux immenses compositeurs britanniques qui restent injustement joués en province et qui ont donné à l’art lyrique des pages d’une somptueuse beauté.




Christian Dalzon

 

 

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