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Vaillante centenaire

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/18/2005 -  
Claude Debussy : Prélude à l’Après-midi d’un faune – La Mer
Maurice Ravel : Ma Mère l’Oye

Orchestre Lamoureux, Daniel Kawka (direction)


Comme Salomé ou La Veuve joyeuse, La Mer, déjà entendue à deux reprises cette saison à Paris (voir ici et ici), est une centenaire qui se porte bien. Rien de plus légitime, par conséquent, que l’Orchestre Lamoureux, qui a créé ces trois «esquisses symphoniques» sous la direction de Camille Chevillard, ait tenu à célébrer cette page glorieuse de son histoire. Le concert donné à cette occasion devant un trop maigre public, plutôt que d’adopter le parti pris consistant à reconstituer le copieux programme de cet après-midi du dimanche 15 octobre 1905 au Nouveau-Théâtre (le futur Théâtre de Paris, rue Blanche) – Septième symphonie de Beethoven, Quatrième Béatitude de Franck, Symphonie sur un chant montagnard français de d’Indy et Le Carnaval romain de Berlioz – consistait à accompagner l’œuvre fêtée de deux autres partitions, l’une également de Debussy, l’autre de Ravel.


Après un Prélude à l’Après-midi d’un faune (1892) aux élans très contrôlés, minutieux sans minauder, pas opulent malgré ses soixante cordes, Daniel Kawka dirige le ballet intégral de Ma Mère l’Oye (1912). Ni prosaïque, ni aride, il a cependant tendance à ne pas laisser s’épanouir la spontanéité, mais il n’en atteint pas moins une réelle poésie, créant une sorte de distance, de voile qui sied on ne peut mieux à ce regard attendri et nostalgique que l’adulte porte sur l’enfance.


Trop discrètement annoncée dans le programme, l’animation proposée au cours de l’entracte renvoyait opportunément à cette Asie évoquée par Ravel (Laideronnette, impératrice des pagodes), et plus particulièrement au Japon suggéré par Debussy, qui avait en effet choisi la célèbre Vague de Hokusai pour illustrer la couverture de la partition La Mer. Cette initiative souffre toutefois de conditions déplorables: lumières allumées, dans le brouhaha des conversations et au milieu des allées et venues des spectateurs pour Mieko Miayazaki et son koto (cithare), qui, après avoir chanté dans un registre traditionnel, adopte un style relevant bien plus de la world music; invectives émanant des premiers rangs du théâtre pendant que Véronique Piron et Daniel Liferman, évoluant aux deux extrémités du parterre avant de se retrouver au pied de la scène, s’efforcent de dialoguer dans Appels et échos, une étonnante pièce pour deux shakuhachis (flûtes), que l’on nous dit plus que bicentenaire, mais tellement atemporelle dans son travail sur le chant et sur le souffle.


C’est bien évidemment La Mer qui conclut la soirée, hélas sur une déception, même si le point de vue plus abstrait que descriptif retenu par Kawka peut parfaitement se défendre: absence de progression dans De l’aube à midi sur la mer, notamment en raison d’un tempo d’emblée assez vif, statisme excessif dans Jeux de vagues, manque de puissance et de couleur dans Dialogue du vent et de la mer.


Le programme annonçait en bis une Surprise de Pierre Bertrand, arrangeur –entre autres – de Nougaro et d’Aznavour. Il a ici préféré aux golfes clairs de Trenet Les Marquises (1977) de Brel, une mer au moins aussi fatale (et plus fataliste) que celle de Debussy: «Ils regardent la mer/Comme tu regardes un puits […] Et la mer se déchire/Infiniment brisée/Par des rochers qui prirent/Des prénoms affolés».



Simon Corley

 

 

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