About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Et encore des fugues

Paris
Cité de la musique
11/06/2005 -  
Johann Sebastian Bach : Die Kunst der Fuge, BWV 1080

Quatuor Juilliard: Joel Smirnoff, Ronald Copes (violon), Samuel Rhodes (alto), Joel Krosnick (violoncelle)


Conclure ce week-end central de la biennale «Quatuors à cordes» par L’Art de la fugue (1749) de Bach constituait, mais en apparence seulement, un paradoxe: certes l’œuvre a sans doute été écrite pour le clavier, et en tout cas certainement pas pour une formation qui n’avait pas encore acquis ses lettres de noblesse, mais le quatuor à cordes, dont le caractère à la fois «abstrait» et «démocratique» a été moult fois souligné, est sans doute l’un des mieux à même de rendre justice à l’équilibre entre les différentes voix d’une fugue. On comprend d’ailleurs aisément que les meilleurs ensembles aient souhaité s’approprier cette somme mythique et cryptique, auréolée en outre du mystère entourant son inachèvement, qui intervient précisément sur l’énoncé, selon la transcription allemande, des notes correspondant aux quatre lettres du nom du compositeur…


Cela étant, l’adaptation n’en demeure pas moins problématique et s’éloigne parfois considérablement de l’épure du quatuor: les pièces à deux ou trois voix excluent nécessairement un ou deux des protagonistes, le second violon joue le plus souvent un alto et, surtout, les musiciens doivent définir par eux-mêmes bon nombre des paramètres de la partition (tempi, dynamiques, phrasés, sans compter l’ordre de succession des morceaux).


De ce dernier point de vue, la grande difficulté consiste à maintenir le cap entre le risque d’en faire trop, dénaturant ainsi le propos, et la prudence de ne pas en faire assez, suscitant l’ennui que procure inévitablement une heure et demie d’exercices contrapuntiques en mineur, même interrompue par un entracte. Malgré la caractérisation assez poussée de certaines de ces pages et le soin apporté aux diverses nuances de jeu, le Quatuor Juilliard penche plutôt pour la seconde solution, choisissant en outre de terminer par le choral Vor Deinen Thron tret’ ich hiermit, palliatif par lequel les premières éditions tentaient de remédier à l’inachèvement du recueil.


C’est donc sur sentiment quelque peu mitigé que prend fin un week-end dont on retiendra heureusement par ailleurs nombre de moments de bonheur.



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com