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Quartettissimo

Paris
Cité de la musique
11/04/2005 -  
Alexander von Zemlinsky : Quatuor n° 4, opus 25
Pascal Dusapin : Quatuor n° 4
Johannes Brahms: Quintette avec piano, opus 34

Quatuor Prazak: Vaclav Remes, Vlastimil Holek (violon), Josef Kluson (alto), Michal Kanka (violoncelle) – Alain Planès (piano)


La Cité de la musique propose, du 4 au 9 novembre, sa deuxième biennale «Quatuors à cordes»: après une première édition déjà riche mais quelque peu frustrante, car les horaires des manifestations réparties entre la Salle des concerts et l’Amphithéâtre imposaient parfois des choix déchirants (voir ici), il est possible, cette fois-ci, d’assister à la totalité des onze concerts étalés sur ces cinq journées. Huit formations invitées (Arditti, Juilliard, Mosaïques, ...), et pas des moindres, honoreront, sur instruments modernes ou anciens, un genre trop souvent associé à des clichés («difficulté», «élitisme») auxquels il faut espérer que la présence du public apportera le meilleur des démentis, malgré une offre assez dense en cette période et même si la Salle des concerts ne constitue sans doute pas le cadre le plus idéal pour la musique de chambre.


De ce point de vue, la soirée d’ouverture a réuni une affluence satisfaisante, dans un programme bien à l’image de cette biennale: du quatuor à cordes, bien sûr, mais pas seulement (car on pourra entendre au fil de ces journées des quatuors avec hautbois ou avec soprano ainsi que différentes variétés de quintettes), et un hommage à Pascal Dusapin, (toujours) jeune cinquantenaire dont les cinq quatuors seront joués, y compris donc le tout dernier, donné en création française.


C’est aux Prazak qu’il revenait de débuter cette fête, avec le Quatrième quatuor (1936) de Zemlinsky, confirmant que c’est un répertoire où ils ont actuellement fort peu de concurrents. Dans cet in memoriam Berg, qui adopte d’ailleurs la forme (en six mouvements) de sa Suite lyrique (laquelle renvoyait elle-même à la Symphonie lyrique de Zemlinsky), les Tchèques s’imposent en effet avec une aisance et un naturel confondants, d’où se détache notamment le magnifique solo de violoncelle de Michal Kanka au début de l’avant-dernier mouvement.


Commandé par ProQuartet à l’occasion de son dixième anniversaire, le Quatrième quatuor (1997) de Dusapin retrouvait ici ses dédicataires, qui se sont approprié de manière saisissante ces treize minutes d’un seul tenant, librement inspirées des mouvements de va-et-vient évoqués par un extrait de Murphy de Beckett: leur vision suggère peut-être davantage Smetana ou Janacek, mais qu’importe, tant elle est porteuse de vie, d’intensité et d’expression, tout en conservant une belle précision d’ensemble.


En seconde partie, ils étaient rejoints par Alain Planès pour un Quintette avec piano (1864) de Brahms, qu’ils ont déjà présenté dans le passé avec Nicholas Angelich (voir ici) ou Frank Braley (voir ici), marqué par un souci de renouveler l’approche d’une œuvre que l’on retrouve très souvent à l’affiche, et ce tant par l’abondance des détails mis en valeur, malgré un piano ayant tendance à couvrir les cordes, que par des choix interprétatifs révélant des aspects insoupçonnés de la partition. Fin et subtil, souvent léger et lumineux, l’Allegro non troppo initial ne possède pas ce caractère uniment sombre, massif et tourmenté qui lui est souvent conféré. De même, l’Andante, un poco adagio prend une tournure très viennoise, bénéficiant d’une chaleur et d’une plénitude rares. Engagé dans un tempo très vif et paré de sonorités fantastiques, le Scherzo, dont la section principale sera ensuite bissée, renoue avec le style du premier Brahms. Le contraste très marqué entre les différents épisodes du Finale n’empêche nullement les musiciens de conserver fermement le cap et de maintenir la cohérence du propos: dès lors, les quelques imprécisions qui émaillent ce parcours hors normes sont aisément pardonnées.



Simon Corley

 

 

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