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Concertos français

Paris
Théâtre du Châtelet
11/03/2005 -  
Olivier Messiaen : Les Offrandes oubliées
Thierry Lancino : Concerto pour violon (création)
André Jolivet : Concerto pour piano
Arthur Honegger : Symphonie n° 1, H. 75

Isabelle Faust (violon), Marie-Josèphe Jude (piano)
Orchestre philharmonique du Luxembourg, Arturo Tamayo (direction)


Par coïncidence, les formations du Grand duché se succèdent de façon rapprochée à Paris: après les «Solistes européens, Luxembourg» (voir ici), c’était hier soir le tour de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg et d’Arturo Tamayo, qui ont enregistré ensemble chez Timpani des intégrales Ohana et Xenakis fort remarquées. Le Théâtre du Châtelet, qui, accueillant par ailleurs les deux premiers volets du Ring dans la production de Robert Wilson, semble curieusement en avoir conservé des éclairages changeants en fond de scène, évoluant du bleuté au rosé, était hélas bien insuffisamment rempli – même si la qualité, en particulier un impressionnant aréopage de compositeurs et d’interprètes, suppléait la quantité – pour le très stimulant programme de musique française proposé à cette occasion. Mais les absents n’auront même pas tort, puisqu’ils pourront se rattraper prochainement grâce aux micros de France Musique.


On ne pourra pas dire que les musiciens aient obtenu une sonorité très flatteuse dans Les Offrandes oubliées (1930) de Messiaen, mais cette rugosité apporte une coloration expressionniste assez inattendue, quoique nullement déplacée pour décrire les affres des deux premières pièces (La Croix, Le Péché). Cela étant, la direction du chef espagnol ne parvient pas à gommer les défauts de ce bref triptyque, premier essai orchestral d’un jeune homme de vingt-deux ans dont le style n’en est pas moins déjà bien reconnaissable.


Venait ensuite la création d’une commande de Musique nouvelle en liberté, le Concerto pour violon de Thierry Lancino. Sans se dissimuler derrière un titre ou un sous-titre, le compositeur va même jusqu’à revendiquer les caractéristiques, voire les poncifs de l’exercice: forme classique en trois parties (de durée de plus en plus brève), cadences (l’une au centre du premier mouvement, dont le climat méditatif est accentué par un lent ostinato du xylophone sur une note, l’autre assurant transition entre les deux derniers volets), sens mélodique affirmé, écriture traditionnellement violonistique, prédominance et virtuosité de la partie soliste, admirablement défendue par Isabelle Faust.


De grande ampleur (trente-cinq minutes), la partition, qui fait appel à un orchestre assez fourni, peine parfois à tenir la distance, notamment dans un premier mouvement très développé (plus de seize minutes), au caractère rhapsodique. Considérant que «la question du renouvellement du langage a, pendant très longtemps, été un faux problème», Lancino estime qu’on ne peut le faire évoluer qu’à «partir de ce qui existe et par la pratique». On ne sera donc pas surpris d’y trouver des références ou réminiscences: impossible par exemple de ne pas penser, dans les premières pages, au Concerto «A la mémoire d’un ange» de Berg, tandis que le choral qui apparaît un peu plus loin pourrait également évoquer Messiaen. Peu de Français ont somme toute contribué à l’enrichissement du répertoire pour violon et orchestre, de telle sorte que ce concerto trouvera sans doute sa place parmi les œuvres laissées, pour s’en tenir aux vingt-cinq dernières années (et au risque d’en oublier), par Constant, Dutilleux, Landowski, Chaynes, Dalbavie, Bacri, Nigg ou Cavanna.


Jolivet fut pour sa part un adepte du genre concertant et la perspective d’entendre l’un des fleurons de cette production, le rare et mythique Concerto pour piano (1950), constituait indéniablement le second point fort de cette soirée. C’est aux festivités liées au centenaire de la naissance du compositeur que l’on doit une si belle opportunité, car, sauf erreur, ce concerto, qui – après une houleuse création strasbourgeoise quelques mois plus tôt – avait connu sa première parisienne précisément au Châtelet, n’avait pas été joué dans la capitale depuis près de onze ans, et ce, déjà sous la baguette de Tamayo, avec Eric Le Sage en soliste. Marie-Josèphe Jude, qui a déjà gravé Mana et les Danses rituelles pour Lyrinx, relève sans peine le défi technique et physique, mais plutôt que de mettre en valeur les sortilèges luxuriants, la fièvre sauvage et l’esprit débridé de cette fresque haute en couleur, son approche s’en tient à une âpre objectivité tout droit venue de Bartok, option au demeurant parfaitement défendable.


Retour à l’année 1930 pour conclure, non plus avec le groupe «Jeune France» que fondèrent Jolivet et Messiaen, mais avec l’un des plus éminents représentants du «Groupe des six»: décidément, un bonheur ne vient jamais seul, car trop peu fréquentes sont les apparitions à l’affiche de la Première symphonie d’Honegger, ce que l’on comprend d’autant moins qu’elle bénéficie ici d’une interprétation drue, énergique et lyrique à souhait.


Le site de Musique nouvelle en liberté

Le site de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg



Simon Corley

 

 

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