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Avant-goût

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/26/2005 -  
Olivier Messiaen : Vingt regards sur l’Enfant Jésus (extraits) – Thème et variations pour violon et piano – Le Merle noir
Claude Debussy : Syrinx
Karl Amadeus Hartmann : Suite pour violon seul n° 2

Philippe Pierlot (flûte), Sarah Nemtanu (violon), Franz Michel (piano)


Les concerts que donne l’Orchestre national les jeudis au Théâtre des Champs-Elysées sont souvent précédés, en fin d’après-midi, d’une petite heure de musique offerte par ses chefs de pupitre. Excellente occasion de préparer la soirée et d’approfondir la connaissance des compositeurs inscrits à son programme (voir ici), en l’espèce Messiaen (beaucoup) et Hartmann (un peu).


Du premier, dont la production chambriste est somme toute assez limitée même si elle compte évidemment un coup d’éclat (Quatuor pour la fin du temps), ce sont d’abord les deux pièces qui ouvrent le recueil pianistique des Vingt regards sur l’Enfant Jésus (1944): objectif, un rien distant, Franz Michel convainc davantage dans les rythmes du Regard de l’étoile que dans le calme Regard du père.


Venait, après cette œuvre créée par Yvonne Loriod, qui allait devenir la seconde épouse de Messiaen, le Thème et variations (1932) destiné quant à lui à sa première épouse, la violoniste Claire Delbos: sage et gracieuse, Sarah Nemtanu met en valeur ce qui rattache encore cette partition de (relative) jeunesse à une certaine tradition française.


Pièce réservant le beau rôle à la flûte, car écrite pour un concours du conservatoire, Le Merle noir (1951) se rapproche bien entendu davantage de l’univers de Turangalîla-Symphonie, à l’affiche du concert de 20 heures. Philippe Pierlot y déploie une sonorité luxueuse, chaleureuse et confortable, qui sied également à un Syrinx (1913) admirablement phrasé: même si ce n’est pas chez Debussy qu’il a trouvé son inspiration ornithologique, Messiaen n’a jamais dissimulé le choc qu’avait été pour lui, comme pour tant d’autres, la découverte de Pelléas.


Avant même de travailler avec Hermann Scherchen, qui exercera sur lui une influence décisive, Hartmann, alors seulement âgé de vingt-deux ans, avait notamment déjà composé deux Sonates et deux Suites pour violon seul, qui ne furent éditées et interprétées qu’au milieu des années 1980. Brève (onze minutes), la Seconde suite (1927) s’inscrit parfaitement dans son époque: le courant néobaroque, ne serait-ce que par son titre, d’une part, et les échos de ce que l’on peut, en simplifiant considérablement, appeler le «jazz», d’autre part. On se situe donc ici bien loin de Messiaen, mais Sarah Nemtanu a remarquablement transformé son jeu pour incarner cette (fausse) simplicité pervertie avec humour en même temps que ce (vrai) lyrisme qui marque le deuxième mouvement, le plus développé des quatre.


Le retour aux Vingt regards aurait pu rapprocher Messiaen et Hartmann grâce à la fameuse fugue qui en constitue la sixième pièce (Par lui tout a été fait), mais la conclusion ouvre plutôt des perspectives vers l’activisme festif de Turangalîla, avec le très orchestral Regard de l’esprit de joie.



Simon Corley

 

 

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