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La magie d’Accentus

Paris
Auditorium du Louvre
10/12/2005 -  et 9 (Nevers), 14 et 15 (Rouen) octobre 2005
Heitor Villa-Lobos : Bendita sabedoria – Canide ioune – Papae curumiassú – Estrella e lua nova – Duas lendas amerindias – Cançao da folha morta (*) – Cançao da terra (*) – Cabôça de Caxanga (*)
Maurice Ravel : Trois chansons – Transcriptions: Ronsard à son âme – La Flûte enchantée – L’Indifférent (Gérard Pesson) – La Vallée des cloches (Clytus Gottwald) – Le Jardin féerique (arrangement Thierry Machuel)

Chœur de chambre Accentus, Laurence Equilbey (direction), Luiz Gustavo Carvalho (*) (piano)


Remplir une salle avec la musique chorale de Villa-Lobos et de Ravel? Peu d’ensembles autres qu’Accentus pourraient espérer y parvenir. De fait, il ne restait pas la moindre place à l’Auditorium du Louvre pour ce programme original, conçu dans le cadre de l’année du Brésil en France et dont le chœur de chambre de Laurence Equilbey a présenté différentes variantes à Salvador, Brasilia, Rio de Janeiro, Sao Paulo et Montevideo du 31 août au 7 septembre derniers.


Au sein d’une production foisonnante déjà fort peu connue, c’est peu de dire que l’œuvre choral, tant sacré que profane, de Villa-Lobos ne vient pas au premier rang. Sagesse bénie (1958), fondée sur six brefs extraits (en latin) des Proverbes et du Psaume XC relatifs… à la sagesse, révèle pourtant d’emblée une belle qualité d’écriture, magnifiée par la pureté des voix, mais aussi une grande variété d’inspiration, où la liesse populaire (Vir sapiens), comme à la manière de Janacek dans sa Messe glagolitique, ne demande qu’à s’imposer.


Les cinq pièces suivantes montrent le compositeur brésilien fasciné par les vives couleurs que lui suggéraient les origines indiennes de son pays: langues indigènes – tupi dans Oiseau jaune (1933), nheengatu dans les Deux légendes amérindiennes (1952) – et onomatopées – Papa curumiassu (1933) et Etoile est lune nouvelle (1950) – nous plongent dans un univers plus familier, celui du Chôros III (Picapau) ou, pour rester dans le domaine choral, de Mandu-Çarara. Accentus n’y conserve pas moins des textures d’un raffinement exceptionnel.


Un peu plus développées, trois chansons avec accompagnement de piano concluent ce panorama: les sources demeurent populaires, mais la langue portugaise reprend ses droits et l’on retrouve ici la musique à la fois dansante et nostalgique qui marqua Milhaud lors de son séjour brésilien: une Chanson de la feuille morte (1926), vingt ans avant Prévert et Kosma, une Chanson de la terre (1925), pour voix de femmes, et Métisse de Caxanga (1930), où Le Bœuf sur le toit n’est décidément pas très éloigné.


Villa-Lobos avait indéniablement fait de la France sa seconde patrie, de telle sorte que le rapprochement avec Ravel, au-delà d’esthétiques certes radicalement différentes, n’était pas injustifié. Un classique tel que ses Trois chansons (1915) permet d’abord d’apprécier l’homogénéité, la précision, la virtuosité et même la truculence des trente-deux chanteurs, mais aussi leurs qualités individuelles, à l’image du solo d’Hélène Moulin dans le poignant Trois beaux oiseaux de paradis.


Accentus reste fidèle aux compositeurs avec lesquels il travaille depuis de nombreuses années et qui réalisent notamment des transcriptions à son intention. Et l’on comprend sans peine qu’ils soient séduits par la perspective de pouvoir confier des partitions d’une grande difficulté d’exécution à un chœur qui, de son côté, y trouve l’opportunité de mettre en valeur la richesse de ses timbres, constituant un véritable orchestre vocal. Cinq nouvelles adaptations, dues à Gérard Pesson et à Thierry Machuel, présents pour l’occasion, ainsi qu’à Clytus Gottwald étaient ainsi offertes au public parisien.


Pesson a transcrit Ronsard à son âme (1923) ainsi que deux des trois mélodies de Shéhérazade (1903), La Flûte enchantée et L’Indifférent: le plus beau compliment qu’on puisse lui adresser est que la première s’enchaîne sans rupture avec les Trois chansons. Quant aux deux autres, elles bénéficient de la sonorité miraculeuse de l’ensemble mais aussi Des superbes aigus de Solange Anorga.


Dans La Vallée des cloches, dernière pièce des Miroirs (1905), de même que dans Le Jardin féerique, qui clôt Ma Mère l’oye (1910), Gottwald et Machuel choisissent de pallier l’absence de texte – les originaux sont en effet destinés au piano seul ou à quatre mains – par les mots plutôt que par des vocalises: le premier recourt à Verlaine (une strophe de Nevermore, tiré des Poèmes saturniens); le second parle de «récits mystérieusement échappés des harmonies ravéliennes, et réinventés dans un langage nouveau et respectueux de l’original, à l’image des cailloux semés par le «Petit Poucet»…».


Les bis prolongent la magie de ces deux réalisations, avec un autre arrangement de Gottwald – Des pas sur la neige (1909), extrait du Premier livre des Préludes de Debussy – puis la reprise de la Ronde finale des Trois chansons de Ravel.


Le site d’Accentus



Simon Corley

 

 

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