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L’indigeste et le savoureux

Paris
Théâtre Mogador
10/06/2005 -  
Maurice Ravel: La Valse – Concerto pour la main gauche – Boléro
Georges Bizet: Carmen, Suites n° 1 et 2 (extraits)

Siheng Song (piano)
Orchestre national d’Ile-de-France, Moshe Atzmon (direction)


L’Orchestre national d’Ile-de-France présentait un programme dont une partie devait à nouveau être donnée, deux jours plus tard, aux «Journées Ravel» de Montfort-l’Amaury, programme essentiellement consacré à ce compositeur et intitulé «Saveurs d’orchestre». Succession d’indigeste et de savoureux, l’impression d’ensemble devait cependant s’avérer mitigée.


Difficile, sans doute, de commencer avec La Valse (1920), qui tient plus fréquemment lieu d’apothéose que d’entrée en matière: étrangement absente, lente et dépourvue de cohérence, enlisée dans des textures lourdes et épaisses, la direction de Moshe Atzmon prive l’œuvre de tout enjeu et de toute tension, d’autant que les musiciens, manquant en outre de cohésion, ne se montrent pas au meilleur de leur forme.


Comme La Valse, le Concerto pour la main gauche (1931) fut créé à Vienne, affiche la tonalité principale de , débute par les grondements sourds des contrebasses et s’achève dans des convulsions douloureuses. Premier grand prix du concours Long-Thibaud 2004 (voir ici, ici et ici), Siheng Song démontre à nouveau qu’il sait faire preuve de puissance, mais il s’en tient ici à une démonstration de virtuosité, au demeurant pas toujours concluante et peu aidée par un Steinway à la sonorité curieusement flottante. Si la partie centrale ne manque certes pas de mordant, l’interprétation pèche par son caractère décousu et anecdotique, déformant le discours par un rubato excessif, que l’orchestre peine parfois à suivre. Quant au pathos dans lequel se complait souvent le pianiste chinois, il n’évoque que très superficiellement le drame poignant qui est pourtant au cœur du propos.


La Première suite et deux extraits de la Seconde suite (hélas constituée d’arrangements dont l’instrumentation est nettement plus contestable) de Carmen (1875) de Bizet réveillent enfin les couleurs et le dynamisme de l’orchestre, quoiqu’un supplément de vivacité et de légèreté n’aurait pas été superflu.


La soirée se conclut sur un Boléro (1928) au démarrage indolent et raffiné, qui, plus construit qu’implacable, se développe ensuite en phrasés parfaitement soignés. Toujours aussi redoutable, cette revue de détail des soli ne manque jamais de faire au moins une victime: trois semaines après le trombone de l’Orchestre national de France, c’est le basson qui trébuche malencontreusement, mais la qualité globale des différents pupitres demeure satisfaisante dans la perspective, d’ici une dizaine de jours, de la «vraie» rentrée de l’orchestre et de son chef principal, Yoel Levi, pour trois concerts consacrés à la Sixième symphonie de Mahler.



Simon Corley

 

 

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