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Aux armes, musiciens!

Paris
Cathédrale Saint-Louis des Invalides
09/27/2005 -  
Joseph Haydn : Quatuor n° 81, opus 77 n° 1 (arrangement pour flûte et piano)
Wolfgang Amadeus Mozart : La Flûte enchantée, K. 622 (trois extraits adaptés pour flûte et violon)
Ludwig van Beethoven : Sonate pour violon et piano n° 5, opus 24 «Le Printemps»
Jacques Ibert : Deux interludes

Juliette Hurel (flûte), Nemanja Radulovic (violon), Hélène Couvert (piano)


Dans le cadre de l’Hôtel national des Invalides ou de la cathédrale Saint-Louis des Invalides («Eglise des soldats»), la onzième saison musicale du Musée de l’Armée propose des spectacles d’une grande diversité, à l’image de celle de ses nombreux partenaires (ministère de la défense, instituts culturels, Europa Bach festival, CNSMDP, associations, groupes financiers, …). La programmation revêt bien entendu une coloration militaire, au demeurant discrète et dont il faut surtout retenir les perspectives originales qu’elle autorise: la célébration du bicentenaire de la bataille d’Austerlitz et celle du quatre-vingt-dixième anniversaire de la création de la croix de guerre permettront par exemple d’entendre Steibelt, Krommer, Dussek, Jadin et Vanhal, d’une part, Jolivet et Caplet, d’autre part. Enrichie par la participation d’artistes et d’ensembles de renom – Patrice Fontanarosa, Marcel Pérès, Dominique de Williencourt, le Quatuor Manfred, les Folies françoises – l’affiche du premier trimestre est donc prometteuse, d’autant qu’il est possible d’accéder à ces manifestations moyennant un droit d’entrée modique, voire gratuitement.


C’est dans ce cadre qu’un grand groupe bancaire, par ailleurs partenaire officiel des «Victoires de la musique», apporte son soutien à une série de six récitals donnés dans la cathédrale et dédiés, d’ici le 6 décembre, aux «jeunes talents». Les guillemets sont ici tout particulièrement de mise, car leur notoriété est déjà, pour la plupart, bien assise, notamment grâce à ces «Victoires»: Pascal Amoyel, Emmanuelle Bertrand, Marina Chiche, Stéphanie-Marie Degand, Laure Favre-Kahn, Ophélie Gaillard, Vanessa Wagner…


La première de ces soirées offrait trois duos et un trio: combien y avait-il de musiciens, sachant par ailleurs que le total de leurs âges – quatre-vingt-neuf ans – est inférieur à celui d’Earl Wild? Seulement trois – Juliette Hurel, Nemanja Radulovic et Hélène Couvert – tenant le pari de faire le tour, en une heure de musique sans entracte, de toutes les combinaisons possibles d’une flûte, d’un violon et d’un piano.


Les deux jeunes femmes ont enregistré pour Zig Zag Territoires trois quatuors de Haydn transcrits pour flûte et piano, choisissant pour l’occasion le Quatre-vingt-unième quatuor, premier de l’opus 77 (1799). Quels que soient le mérite et l’agrément de ces arrangements, non seulement ils amputent les partitions de leur menuet mais ils en affaiblissent la portée novatrice. La réverbération très importante du lieu, créant un son à la fois lointain et amplifié, d’autant plus confus lorsque le rythme s’accélère ou que le registre grave du piano prédomine, contribue en outre à amollir un propos qui prend ainsi un tour aimable et divertissant. Malgré ces conditions difficiles, l’élégance du phrasé de Juliette Hurel parvient le plus souvent à s’imposer.


D’un auteur tout aussi inconnu, l’adaptation pour flûte et violon de trois airs (ceux de Papageno aux premier et second actes, celui, plus inattendu et quelque peu raccourci, de la Reine de la nuit au second acte) de La Flûte enchantée (1791) de Mozart n’a d’autre prétention que de distraire, profitant des couplets successifs pour placer de brillantes ornementations.


C’est le plaisir qui domine également dans l’interprétation allante, fraîche et sans arrière-pensées de l’une des œuvres les plus radieuses de Beethoven, sa Cinquième sonate pour violon et piano «Le Printemps» (1801). Nemanja Radulovic, qui fêtera bientôt ses vingt ans, possède une qualité de chant qui évoque la voix, mais il devra surveiller sa justesse et ne pas céder à la tentation du cabotinage qui, en revanche, n’effleure pas un instant l’esprit de sa partenaire, au jeu plus sobre. Si la sonorité du violon convient apparemment mieux à l’acoustique, les décalages ludiques, dans le très bref Scherzo, perdent beaucoup en précision.


Dans les deux Interludes (1946) pour flûte, violon et clavecin (ou harpe) qu’il a écrits pour Le Burlador, première pièce de l’écrivain belge Suzanne Lilar, on n’est pas surpris de retrouver Ibert, auteur d’un important Concerto, aussi à l’aise avec la flûte. D’une durée de quatre minutes chacune, ces deux délicates miniatures consistent en une aria d’obédience baroque puis en une vive et gracieuse espagnolade, qui se noie hélas sous les voûtes de l’église. Faut-il affirmer pour autant comme Juliette Hurel, s’excusant d’avoir dû substituer le piano au clavecin puis de devoir reprendre la seconde pièce en bis, que le répertoire pour flûte, violon et piano est aussi peu développé? Ce serait déjà faire fi de la Sonate et de la Madrigal-Sonate de Martinu, qui n’auraient sans doute nullement effrayé le sage public de ce concert…


Le programme de la saison musicale du Musée de l’Armée



Simon Corley

 

 

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