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En attendant Cardillac

Paris
Opéra Bastille
09/21/2005 -  
Richard Strauss : Métamorphoses
Paul Hindemith : Das Marienleben, opus 27 (extraits)
Gustav Mahler : Symphonie n° 4

Mireille Delunsch (soprano)
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Kent Nagano (direction)


Parallèlement à ses productions scéniques, l’Opéra national de Paris s’attache légitimement à mettre en valeur son orchestre, qui sortira ainsi de la fosse à huit reprises cette saison pour donner – outre deux «concerts exceptionnels» avec Pierre Boulez, Valery Gergiev puis Georges Prêtre – des «concerts symphoniques» sous la direction d’Oliver Knussen, Jiri Belohlavek, Esa-Pekka Salonen, Marc Minkowski et Sylvain Cambreling. C’est Kent Nagano, avant de diriger à Bastille, à partir du 24 septembre, huit représentations de Cardillac de Hindemith, qui ouvrait cette série, associant au compositeur allemand – dans un programme composite dont le fil conducteur serait la dimension toujours spirituelle, parfois même religieuse, de ces musiques – deux des représentants de ce postromantisme auquel il avait tourné le dos dès les années 1920.


Dans les Métamorphoses (1945) de Richard Strauss, Nagano opte pour un tempo globalement vif: le discours avance sans cesse, porté par l’urgence et l’intensité qu’il sait lui insuffler, en bon chef lyrique (et directeur musical de l’Opéra d’Etat de Munich dès 2006). S’il se soucie de la clarté dans l’étagement des vingt-trois parties solistes, force est malheureusement de constater que l’Opéra Bastille n’est pas le lieu idéal pour qu’un tel effectif se déploie dans toute son ampleur.


Egalement auteur, peu avant Strauss, de célèbres Métamorphoses, Hindemith était représenté ici par une œuvre à la fois moins connue et moins extravertie que le reste de sa production de ces années-là, La Vie de Marie (1923), qu’il remania d’ailleurs profondément après-guerre, exactement comme il le fit pour Cardillac. De ces quinze mélodies sur des poèmes de Rilke formant un cycle d’une durée de plus d’une heure, le compositeur en a orchestré six, dont trois étaient ici présentées: deux parmi les quatre orchestrées en 1938 (Naissance de Marie et Naissance du Christ)et une des deux orchestrées en 1948 (Sur la mort de Marie III). Dans sa robe (forcément) immaculée, Mireille Delunsch fait valoir une belle diction et une superbe luminosité dans les aigus, s’accordant au dépouillement archaïsant et populaire de ces lieder.


Du temps où James Conlon était directeur musical, Mahler apparaissait, bon an mal an, une fois par saison, et l’on avait ainsi pu entendre successivement les Quatrième (juin 1999), Septième (septembre 2000) et Troisième (septembre 2001) symphonies. Le retour de la Quatrième (1900) bénéficie d’une formation à la sonorité claire et brillante, dans une forme éblouissante, qu’il s’agisse des cordes – y a-t-il pupitres plus justes et homogènes dans la capitale? – ou des bois, à l’image du somptueux hautbois d’Olivier Doise. L’interprétation proprement dite laisse en revanche l’auditeur sa faim: le chef américain sait certes exploiter le ressort dramatique de la partition, créer des couleurs originales et souligner les détails d’instrumentation, mais cette réalisation impeccable et lisse, affectée d’une tendance à fignoler excessivement, à ralentir en fin de phrase et à faire fluctuer sans cesse l’allure, reste à la surface des choses, particulièrement dans un Scherzo dépourvu de tout mordant.


Comme Eschenbach la semaine précédente avec l’Orchestre de Paris dans la Cinquième (voir ici), mais sans susciter toutefois le même degré de déception, Nagano aurait-il été envoûté ou grisé par la qualité instrumentale dont il dispose? Quant à Mireille Delunsch, entrée en scène entre les deuxième et troisième mouvements, elle semble, au propre comme au figuré, s’accrocher à la partition, qu’elle restitue de façon sobre et littérale, ne parvenant pas toujours à passer au-dessus de l’orchestre.



Simon Corley

 

 

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