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Les siècles de Mozart

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
09/13/2005 -  
Régis Campo : Symphonie n° 2 «Moz’art» (création)
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 23, K. 488
Richard Strauss : Le Bourgeois gentilhomme (suite), opus 60

Aldo Ciccolini (piano)
Ensemble orchestral de Paris, John Nelson (direction)


Première phalange de la capitale à faire son retour, l’Ensemble orchestral de Paris (EOP) ne dissimule pas ses ambitions, proposant jusqu’en juin prochain un défilé de grands noms du piano (Boris Berezovsky, Frank Braley, Aldo Ciccolini, Michel Dalberto, Brigitte Engerer, Till Fellner, Nelson Freire, Andreas Haefliger, Robert Levin, Vahan Mardirossian, Steven Osborne) qui viendront jouer, «année Mozart» oblige, ses plus grands concertos. Aux côtés de valeurs sûres et d’habitués (Kees Bakels, Armin Jordan, Jerzy Semkow), les étoiles montantes de la direction ne seront pas en reste – il faudra à cet égard guetter plus particulièrement la venue de Vassili Petrenko et de Josef Swensen – tandis que la Salle Cortot et le Théâtre 13 accueilleront treize programmes de musique de chambre.


Mais c’est bien sûr à John Nelson, directeur musical depuis 1998, qu’il revenait de diriger la première soirée, in memoriam Roland Bourdin (1922-2005), décédé le 4 septembre dernier: hommage à celui qui fut non seulement, avec Marcel Landowski et Jean-Pierre Wallez, l’un des cofondateurs de l’EOP mais aussi le premier administrateur de l’Orchestre de Paris.


Répondant à une commande de l’EOP, Régis Campo salue à sa manière, avec sa Deuxième symphonie «Moz’art», dédiée à John Nelson et donnée ici en création, le deux cent cinquantième anniversaire de la naissance du compositeur. Cette pièce d’un seul tenant mais formée de sections se succédant en «fondu enchaîné» évoque davantage l’esprit de Schnittke (et de ses Moz-Art, Moz-Art à la Haydn et Moz-Art à la Mozart) que celui de Messiaen, qui avait composé Un sourire pour le bicentenaire de la disparition de Mozart. L’effectif est celui d’une symphonie classique, enrichi des sonorités cristallines de la harpe, du piano et de la percussion: de références amusées et distanciées en bribes de citations, cet assemblage tour à tour actif et rêveur adresse, par sa fausse simplicité à la Haydn et par sa manière de ne pas se prendre au sérieux, un clin d’œil sans prétention à tous les néoclassicismes (Stravinsky, Martinu, les minimalistes), même si le propos tend peut-être à s’essouffler sur la distance (dix-sept minutes).


Ayant attiré des personnalités comme Kurt Masur ou Nicholas Angelich, la présence d’Aldo Ciccolini aurait suffi à elle seule à constituer l’événement, et le résultat fut à la hauteur des espérances. Véritable légende vivante, le pianiste, arborant sa rosette d’officier de la Légion d’honneur, possède désormais l’allure altière d’un empereur romain ou, puisqu’il s’agissait du Vingt-troisième concerto (1786) de Mozart, de la statue du Commandeur. Mais rien d’impérial – sinon le caractère intimidant de sa prestation – dès qu’il se met aux commandes d’un Fazioli velouté à souhait, tant il parvient à suggérer autant avec des moyens expressifs aussi volontairement réduits, sans extravagance ni effets, évitant les deux écueils opposés qui guettent le soliste mozartien, aussi bien l’affectation que le refus d’interpréter. Ce naturel, cette évidence, cette limpidité se conjuguent en outre, pour offrir une prestation impeccable, à des qualités techniques que nombre de ses plus jeunes collègues pourraient lui envier, que ce soit en termes de toucher, de précision ou même de puissance. Dès lors, loin de toute effusion (pré)romantique, l’Adagio tend vers la pureté, la contemplation et la méditation, à l’image d’une aria de Bach.


Témoin de ce moment d’exception, l’Ensemble orchestral de Paris ne démérite pas mais, par contraste, ne peut que paraître bien terrestre. En bis, Ciccolini livre une Sonate en mi majeur (K. 380, 1754) de Scarlatti très soigneusement travaillée, tendre et malicieuse miniature comme Horowitz aimait à les ciseler.


Après Mozart dans notre siècle puis Mozart dans son siècle, le concert se concluait avec l’un des grands défenseurs de Mozart au siècle dernier: au-delà même de cette profonde affection, Richard Strauss trouva dans le XVIIIe une source d’inspiration toujours renouvelée, du Chevalier à la rose à Capriccio. Cela étant, si elle s’apparente à un pastiche, sa musique de scène pour Le Bourgeois gentilhomme (1912) se tourne bien entendu essentiellement vers le XVIIe. Point trop alangui, sucré ou même léger, John Nelson privilégie l’allant et le tranchant, voire le sérieux, mais les musiciens n’en donnent pas moins l’impression de s’amuser avec cette œuvre subtile et charmeuse. Quant à la nouvelle recrue de l’EOP, la «supersoliste» Deborah Nemtanu, la partition lui réserve de nombreuses pages grâce auxquelles, pour sa première apparition avec l’EOP, elle fait briller tout son talent, notamment dans la Danse des tailleurs reprise en bis.


Le site de l’Ensemble orchestral de Paris



Simon Corley

 

 

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