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Histoire d’eau

Paris
Opéra Bastille
09/09/2005 -  et 12, 14, 17, 20, 23, 25 et 27 septembre 2005
Antonin Dvorak: Rusalka, opus 114, B. 203

Olga Guryakova (Rusalka), Franz Hawlata (L’Esprit du lac), Larissa Dyadkova (Jezibaba), Miroslav Dvorsky/Stuart Skelton (Le Prince), Anda-Luise Bogza (La Princesse étrangère), Sergeï Stilmachenko (Le garde forestier), Karine Deshayes (Le garçon de cuisine), Michelle Canniccioni (Première nymphe), Svetlana Lifar (Deuxième nymphe), Nona Javakhidze (Troisième nymphe), David Bizic (La voix d’un chasseur)
Chœurs de l’Opéra national de Paris, Alessandro di Stefano (préparation des chœurs), Peter Burian (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Jiri Belohlavek (direction musicale)
Robert Carsen (mise en scène, lumières), Michael Levine (décors et costumes), Peter van Praet (lumières), Philippe Giraudeau (chorégraphie), Ian Burton (dramaturgie), Eric Duranteau (création vidéo)


En ouverture d’une saison qui réservera une belle part aux Slaves (Prokofiev, Martinu, Chostakovitch), l’Opéra Bastille accueille la reprise, pour huit soirées et matinées, de la production, présentée huit fois durant l’été 2002 (voir ici), grâce à laquelle Rusalka (1900) était entré, plus d’un siècle après sa création, au répertoire de l’Opéra national de Paris. L’avant-dernier opéra de Dvorak compte pourtant un «tube» (le «chant à la lune»), et la France a trop longtemps attendu pour découvrir ce «conte lyrique», qui se rattache, ne serait-ce par sa thématique, aux poèmes symphoniques que le compositeur tchèque venait d’achever, notamment L’Ondin et La Sorcière de midi, tandis que son écriture, tant par le recours – certes relativement sommaire – aux leitmotivs que par certaines tournures orchestrales, trahit l’influence de Wagner.


Robert Carsen, qui s’est chargé à la fois de la mise en scène et, assisté par Peter van Praet, des lumières, s’épanouit dans cet univers riche en symboles, avec un travail non dépourvu de légèreté ou d’ironie, axé sur l’opposition de deux mondes, sur les reflets et sur les faux-semblants, où la princesse et même la nymphe dissimulent l’archétype proliférant de la femme ensorceleuse, culminant, avec le bal du deuxième acte, sur une bacchanale cauchemardesque chorégraphiée par Philippe Giraudeau. La direction d’acteurs paraît cependant plus en retrait, peinant en particulier à investir l’immensité de l’espace limpide et épuré du premier acte.


Auteur des costumes, discrètement inscrits dans le siècle passé, Michael Levine signe également les décors, qui font évoluer horizontalement mais aussi verticalement, au défi des lois de l’équilibre, une chambre à coucher. Illustré de façon assez triviale au premier acte par un vaste pédiluve où les nymphes produisent des clapotis, le milieu aquatique est heureusement suggéré de manière plus allusive et poétique par une projection vidéo sur un fin rideau placé à l’avant-scène.


Visiblement très émue par l’ovation qu’elle reçoit du public, Olga Guryakova a relevé le défi de succéder à Renée Fleming. Malgré un timbre moins velouté, la soprano russe, déjà remarquée à Paris dans Guerre et paix de Prokofiev, triomphe par son tempérament, campant d’emblée une Rusalka de chair et de sang, un rien mélodramatique. Toujours aussi impressionnant, Franz Hawlata incarne un Esprit du lac solide et puissant. Dans le rôle du prince, le ténor slovaque Miroslav Dvorsky,souffle court et voix tendue, semble en revanche moins à son aise pour ses débuts parisiens. Larissa Dyadkova est une sorcière aux graves somptueux tandis qu’Anda-Louise Bogza s’impose en princesse autoritaire. A l’image d’une distribution globalement satisfaisante, mais affectée par de menus décalages avec la fosse, le duo bouffe formé par Karine Deshayes (Le garçon de cuisine) et Sergeï Stilmachenko (Le garde forestier) fonctionne parfaitement.


Jiri Belohlavek apporte toute son expérience de cette musique à un orchestre coloré, rutilant et sonore, commentant l’action de manière extrêmement présente. On se réjouit donc de retrouver le chef tchèque dès janvier et février prochains pour la reprise de Juliette de Martinu ainsi que pour l’intégrale de Ma Patrie de Smetana.



Simon Corley

 

 

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