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Bienvenue à bord ! Paris Le Vaisseau fantôme 09/07/2005 - Frédéric Chopin: Nocturnes, opus 27 et opus 48 n° 1 – Barcarolle, opus 60 – Etudes, opus 10 n° 12 «Révolutionnaire» et opus 25 n° 1 – Scherzo n° 3, opus 39
Franz Liszt: Miserere du «Trouvère» de Verdi – Quatre lieder de Schubert: Auf dem Wasser zu singen, D. 774, Die Forelle, D. 550, Die Stadt, D. 957 n° 11, et Gretchen am Spinnrade, D. 118 – Saint-François de Paule marchant sur les flots – Mazeppa (Quatrième Etude d’exécution transcendante)
Maciej Pikulski (piano)
Au sein d’une programmation résolument éclectique, le Vaisseau fantôme s’ouvre notamment à la musique classique: c’est en effet cette péniche amarrée sur le bassin de la Villette, presque en face de la Péniche Opéra, qui accueille, du 7 au 18 septembre, la deuxième édition des «Journées romantiques», placées sous la direction artistique conjointe des pianistes Maciej Pikulski et David Selig. Mêlant valeurs sûres (José van Dam, «invité d’honneur», le Trio Wanderer, Jean-Marc Luisada), étoiles montantes (Raphaël Chrétien, Elsa Maurus) et jeunes talents à découvrir (la mezzo Valérie Mesquida, le pianiste Sanjay Mody, le violoniste Roman Patocka), ce festival est effectivement dédié aux grands noms du romantisme, de Beethoven à Brahms en passant par Chopin, Schumann, Liszt, Saint-Saëns et Dvorak, mais s’autorise néanmoins quelques incursions vers le classicisme (Haydn, Mozart) ou le XXe siècle (Martinu, Chostakovitch).
Dans un tel cadre (une centaine de places seulement), intimiste pourrait rimer avec élitiste, mais ce n’est en rien la tentation des organisateurs, que ce soit au travers de tarifs très raisonnables (de 9 à 20 euros) ou par le souci d’aller au devant d’autres publics, avec la projection, au cinéma MK2 voisin, de films sur la musique (Shine, Amadeus, Le Pianiste, Le Maître de musique, …).
Pour ce concert inaugural, c’est Maciej Pikulski lui-même qui donnait un récital: âgé de trente-six ans, surtout connu comme accompagnateur de van Dam depuis 1993, il avait choisi une première partie intégralement dédiée à son compatriote Frédéric Chopin. Il fut toutefois difficile de se départir, tout au long de cette soirée, du sentiment que le pianiste ne semblait pas toujours très à l’aise, mais il est vrai qu’il n’était aidé ni par un instrument mou et enrhumé, ni par la chaleur ambiante.
Cela étant, son Chopin est paisible, dépourvu de pathos, voire lisse, dans trois Nocturnes, les deux de l’opus 27 (1835) et le premier de l’opus 48 (1841). Particulièrement indiquée dans ce lieu, la Barcarolle (1846), plus sobre qu’exubérante, manque un peu de respiration, suivie par deux Etudes – dernière de l’opus 10 (1831) et première de l’opus 25 (1836) – qui pâtissent d’un nombre élevé de scories, même si on peut y saluer une indéniable réserve qui se traduit par un refus des effets de manche. Narratif à la manière d’une ballade, le Troisième scherzo (1839) conclut en revanche de manière nettement plus convaincante.
En début d’une seconde partie entièrement consacrée à Liszt, la voix était à l’honneur, d’abord avec la paraphrase sur le Miserere du «Trouvère» (1859), où le pianiste se livre à une belle démonstration, puis avec quatre transcriptions (1838-1844) de lieder de Schubert (qu’il a déjà enregistrées pour Zig-Zag Territoires): Auf dem Wasser zu singen, La Truite et Marguerite au rouet manquent un peu de souplesse, mais Die Stadt se révèle très impressionnant. Si son partenaire d’élection, José van Dam, a été le créateur du Saint-François d’Assise de Messiaen, le Polonais a livré ensuite une remarquable lecture de Saint-François de Paule marchant sur les flots (1863), portée par un véritable élan, de même que du non moins redoutable Mazeppa, quatrième des Etudes d’exécution transcendante (1851), remerciant le public par un bis remarquablement enlevé, la Paraphrase de concert sur «Rigoletto» (1859).
Le site des Journées romantiques
Simon Corley
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