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Orgue sacré, orgue profane

Chaise-Dieu
Abbatiale
08/27/2005 -  
Olivier Messiaen: L’Ascension
Francis Poulenc: Concerto pour orgue
Camille Saint-Saëns: Symphonie n° 3, opus 78

Sylvain Pluyaut (orgue)
Orchestre national de Lorraine, Jacques Mercier (direction)


L’Orchestre national de Lorraine et Jacques Mercier, qui en est le chef permanent et directeur musical depuis 2002, proposaient, en cette après-midi pluvieuse puis ensoleillée, un programme remarquablement cohérent, autour de l’orgue français, sacré ou profane (1).


Destinées à cet instrument dans leur version originale, les quatre pièces de L’Ascension (1933) de Messiaen, seule des trois œuvres de ce concert à faire explicitement référence à un contexte religieux, n’en sont pas moins abordées de façon plus charnelle que mystique: tempo allant de Majesté du Christ demandant sa gloire à son Père, raffinement des textures dans Alléluias sereins d’une âme qui désire le Ciel, sensualité et sauvagerie rappelant La Tragédie de Salomé de Schmitt, La Péri de Dukas (l’un des maîtres du compositeur) ou même Le Mandarin merveilleux de Bartok dans Alléluia sur la trompette, alléluia sur la cymbale. Mais les accents parsifaliens de Prière du Christ montant vers Son Père se déploient idéalement dans cette acoustique et dans ce lieu, le début de l’éclaircie venant alors colorer le vitrail central du chœur. Surmontant la difficulté de ce cycle, qui sollicite tour à tour cuivres, bois et cordes, l’orchestre confirme qu’il n’a nullement usurpé le statut «national» qui lui a été accordé voici trois ans.


Si les grandes orgues de l’abbatiale, restaurées en 1995 par Michel Garnier dans un souci de reconstitution d’époque, conviennent au répertoire baroque, par exemple à ce morceau de Grigny donné en «sonnerie d’ouverture» par Jean-René Covis, les pièces avec orchestre de Poulenc et de Saint-Saëns appelaient en revanche l’installation d’un instrument d’appoint, avec sonorisation placée en fond de plateau, comme dans bon nombre de salles modernes. Une partie du public, toujours fasciné par la sonorité du «roi des instruments», aura sans doute éprouvé une certaine déception, mais des raisons tenant à la fois au son (la distance trop grande entre le buffet et la scène) et à l’harmonie (le diapason bas et le tempérament inégal adoptés lors de la restauration) rendaient cette solution inévitable.


Dans le Concerto pour orgue (1938) de Poulenc – commande de la princesse de Polignac, un nom particulièrement illustre en Haute-Loire – l’amplification et la réverbération mettent particulièrement en valeur le soliste. Bien loin de se confire en dévotion ou en mièvrerie, Sylvain Pluyaut, par son jeu carré et détaché, n’arrondit pas les angles et fait ainsi très opportunément apparaître la parenté de cette musique avec le néoclassicisme stravinskien.


Inattendu aussi bien dans son choix que dans ses registrations, le bis offert par l’organiste, la Première valse oubliée (1881) de Liszt (originellement écrite pour piano), constitue à la fois un hommage à Georges Cziffra, le père du festival, et une habile transition vers la seconde partie, à savoir la Troisième symphonie (1886) de Saint-Saëns, dédiée à la mémoire de Liszt.


Deux jours seulement après la Symphonie fantastique de Berlioz, le Dies irae, qui sous-tend toute la partition de Saint-Saëns et qui a d’ailleurs également inspiré Liszt, retentissait donc à nouveau dans cette abbatiale célèbre pour sa Danse macabre. Dosant subtilement les contrastes, allégeant la pâte orchestrale et maîtrisant la construction d’ensemble, Jacques Mercier livre de cette symphonie une vision très équilibrée et nuancée, sans alanguissement excessif dans le sublime Poco adagio, sans tapage ni esbroufe dans le Finale.


Les cordes – qui, à la différence de la plupart des formations de notre pays, se tournent pour saluer, comme les autres pupitres, face aux spectateurs – auront le dernier mot, avec l’Adagietto extrait de la Première suite de la musique de scène pour L’Arlésienne (1872) de Bizet.


A quelques jours de la clôture du festival, le premier bilan de cette édition, présenté par le directeur général, Jean-Michel Mathé, est encourageant, la fréquentation ayant globalement progressé de 8 à 10 %, notamment dans les sites autres que La Chaise-Dieu. L’année 2006 sera celle du quarantième anniversaire: sont d’ores et déjà envisagés pour l’occasion (et, bien entendu, sous toutes réserves) le retour de personnalités qui ont marqué l’histoire de cette manifestation – Paul McCreesh, Jean-Claude Malgoire mais aussi Krzysztof Penderecki, avec la création française de sa Huitième symphonie – ainsi que la venue de l’Orchestre baroque de l’Union européenne et de Renaud Capuçon.


Le site de l’Orchestre national de Lorraine


(1) On pourra par ailleurs retrouver Jacques Mercier et l’Orchestre national de Lorraine à deux reprises (28 et 29 août) dans la Deuxième symphonie «Résurrection» de Mahler.



Simon Corley

 

 

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