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Wilson fait son cinéma

Paris
Palais Garnier
05/16/2000 -  et 18*, 22, 24, 28, 30 mai et 2 juin 2000
Claude Debussy : Pelléas et Mélisande
Dietrich Henschel (Pelléas), Joan Rodgers (Mélisande), José Van Dam (Golaud), Robert Lloyd (Arkel), Nadine Denize (Geneviève), Gaële Le Roi (Le petit Yniold), Frédéric Caton (un médecin), Nigel Smith (un berger)
Orchestre et Choeur de l'Opéra National de Paris, Mark Elder (direction)
Robert Wilson (mise en scène)

L'Opéra National de Paris reprend la mise en scène de Robert Wilson créée en 1997. Les mises en scènes de Wilson paraissent toujours quelque peu imposées aux oeuvres – si semblables d'une oeuvre à l'autre qu'il est difficile de croire qu'elles procèdent de leur spécificité.

Wilson réalise davantage une mise en espace qu'une mise en scène : découpée en plans, traversée de lignes, la scène perd sa profondeur. Il fabrique des images, superbes des costumes aux lumières en passant pas les lignes, dessinées ou suggérées. Cette mise en image ne supporte pas la moindre imperfection : un changement de décor un peu bruyant, un câble entr'aperçu et le tout s'effondre. Or l'opéra a ses contingences et ses manipulations, et la perfection technique y est chose rare. La discipline que le metteur en scène impose au corps des chanteurs est un défi pour eux, plus habitués à se concentrer sur leur voix que sur l'extrémité de leurs doigts. Or, dans un cadre si serré, un coup d'oeil nerveux ou un geste imprécis les arrache immédiatement à leur personnage, ce qui ne manque pas, de loin en loin, d'arriver.

De la distribution d'origine, seul demeure l'extraordinaire Golaud de José Van Dam, violent et sombre. Nouvelle venue, Joan Rodgers lui oppose une Mélisande aérienne et égarée, toute en légèreté. Cet improbable couple supporte à lui seul la production. Les deux chanteurs paraissent en effet croire à cette gestuelle minimale au point qu'elle devient chez eux nécessité, perdant son aspect artificiel.

Soutenu par ces deux interprètes, Pelléas et Mélisande ne s'accommode pas trop mal du "système" Wilson, qui parvient à de beaux moments de poésie. Au milieu d'un tel dépouillement, certains accessoires paraissent cependant grossiers : l'anneau de lumière, symbole trop symbolique qui, sans crier gare, s'imprime sur le mur du fond ou au sol. Autrement plus efficace, un peu trop même, est l'escalier interrompu qui sépare Mélisande et Pelléas dans la première scène du troisième acte. Le metteur en scène semble n'avoir retenu de l'oeuvre que cette distance qui sépare les personnages. C'est un peu court… L'idée matrice ne suffit pas à mettre en scène le dernier acte de l'oeuvre, qui multiplie les relations entre les personnages présents. Wilson ne parvient tout simplement pas à mettre en scène cet acte rebelle.

Par bonheur, ce désert scénique est vivifié par un orchestre joyeusement présent. Qui se plaindrait d'échapper au Debussy "à mi-voix" si souvent servi ? Chatoyant, contrasté, l'orchestre devient protagoniste principal : il insuffle à la scène l'énergie qui lui manque. Les musiciens font sonner l'orchestration de Debussy au point de couvrir parfois les chanteurs - par ailleurs souvent décalés ! Le Golaud de Van Dam et la Mélisande de Joan Rodgers dominent de loin une distribution dans l'ensemble satisfaisante, et tout entière intelligible - par chance, puisque la mise en scène de Wilson ne souffrait apparemment pas la présence prosaïque des surtitres.



Gaëlle Plasseraud

 

 

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