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Fastes baroques

Chaise-Dieu
Abbatiale
08/23/2005 -  et 1er juillet (Saint-Riquier) et 12 août (Wiesbaden) 2005
Georg Friedrich Haendel: Concerto a due cori n° 3, HWV 334 – Water music, HWV 348 à 350 – Music for the royal fireworks, HWV 351
Jean-François Dandrieu: Les Caractères de la guerre

Le Concert spirituel, Hervé Niquet (direction)


Neuf cors, neuf trompettes et deux timbaliers: s’apprête-t-on à donner, après la désormais traditionnelle «sonnerie d’ouverture» choisie par l’organiste Jean-René Covis, quelque poème symphonique postromantique? Que nenni, puisque c’est de musique de plein air qu’il s’agit. Est-ce donc la Sinfonietta de Janacek qu’on va entendre? Pas plus, car à cet effectif se joignent pas moins de dix-sept hautbois et dix bassons (y compris contrebassons et serpent), jouant également debout.


En effet, prenant avec un mélange d’humour, de provocation et de paradoxe le contre-pied de l’équation usuelle «baroque = étique», Hervé Niquet a renforcé son Concert spirituel dans l’objectif de restituer, comme il l’a déjà fait au disque pour Glossa music, la démesure sonore des festivités pour lesquelles Haendel écrivit ses célèbres Water music (1717) et Music for the royal fireworks (1749). De fait, la chronique, rapportée dans les intéressantes notes de programme de Jean-Yves Patte, recense, pour la création de ces deux partitions, respectivement cinquante et cent musiciens.


Ceux-ci ne se produisaient toutefois pas dans l’acoustique généreuse d’une abbatiale gothique: or, malgré la modération avec laquelle le chef sollicite ces forces imposantes, complétées par trente-deux cordes, on passe difficilement, tout au long du concert, en dessous du mezzo forte, tandis que le grand raffinement de nuances de l’interprétation se perd quelque peu sous les voûtes, de même que les effets d’écho entre groupes d’instruments dans le Troisième concerto a due cori (1749) qui ouvrait le concert.


Niquet obtient un alliage aussi étrange qu’improbable entre Stokowski et Minkowski: tendance à ne pas rechigner aux effets et à souligner – y compris par les mimiques, la gestuelle et la chorégraphie – le caractère spectaculaire du propos, d’une part, mais aussi, bien évidemment, conservation des acquis «baroqueux», avec notamment le soin apporté aux phrasés (parfois non sans raideur) et à la vivacité des tempi (parfois non sans précipitation), d’autre part. Emblématiques de cette fusion inattendue de deux esthétiques que l’on pensait jusqu’alors inconciliables, la robustesse un peu rauque et la verdeur du tempérament des cors naturels apportent ainsi une couleur étonnante à l’ensemble.


Interrompue par l’entracte après la Deuxième suite, Water music laisse la place, avec beaucoup d’à-propos, à une heureuse découverte, proposée en début de seconde partie: les huit courts épisodes, au moins aussi gracieux que belliqueux, des Caractères de la guerre de Jean-François Dandrieu, dont les (huit) flûtes assurent une transition opportune vers l’instrumentation de la Troisième suite. La soirée se conclut sur une vision survoltée et jubilatoire de Music for the royal fireworks, celle d’un ensemble baroque de soixante-dix-neuf musiciens, une expérience peu ordinaire qui mérite assurément d’être vécue.


Le site du Concert spirituel



Simon Corley

 

 

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