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Merci Abbado! Lucerne
Centre de la culture et des congrès
08/20/2005 -
Luigi Nono: Suite de Prometeo
Franz Schubert: Die schöne Müllerin: "Tränenregen", D. 795 n° 10 – Die Winterreise: "Der Wegweiser", D. 911 n° 20 (orchestrations Anton Webern) – Prometheus, D. 674 (orchestration Max Reger) – Memnon, D. 541 – An Schwager Kronos, D. 369 (orchestrations Johannes Brahms) – Erlkönig, D. 328 (orchestration Reger)
Richard Wagner: Tristan und Isolde, WWV 90: Vorspiel & Liebestod
Thomas Quasthoff (baryton), Rachel Harnisch, Juliane Banse (sopranos), Susanne Otto (alto), Marek Torzewski (ténor)
André Richard (régie sonore), EXPERIMENTALSTUDIO DER HEINRICH-STROBEL-STIFTUNG DES SÜDWESTRUNDFUNKS E.V. FREIBURG I. BR. (réalisation électronique), Lucerne Festival Orchestra, Claudio Abbado (direction musicale)
Cette soirée aura marqué le dernier concert de Claudio Abbado au Festival de Lucerne 2005. Le chef italien a choisi d’ouvrir le programme avec la Suite de Prometeo de Luigi Nono, une œuvre qu’il connaît bien pour avoir dirigé la création des deux versions de l’intégrale. Sorte d’expérimentation sur les sons, la partition requiert un dispositif particulier: les musiciens sont présents non seulement sur scène, mais aussi dans la salle, à quatre endroits et à des hauteurs différentes. La pièce est conçue comme un archipel entouré d’eau, puisque le public perçoit les sons de toutes parts. La rangée de fauteuils centrale est occupée par deux régies sonores, et des haut-parleurs sont accrochés le long du dernier balcon. Les voix et les instruments sont amplifiés et manipulés électroniquement, les sons originaux se mélangeant aux sons produits par les ordinateurs. La surprise est totale pour une bonne partie du public, qui manifestera bruyamment sa satisfaction à la fin. Mais les 30 minutes d’exécution (l’intégrale dure plus de deux heures!) ont mis à mal la patience de l’autre moitié des spectateurs, qui ne sont pas (encore) réceptifs à ce type de musique.
Changement total d’ambiance après l’entracte, où Thomas Quasthoff a interprété six Lieder de Schubert. On savait déjà que le baryton possédait une voix phénoménale, étendue, puissante et au phrasé particulièrement soyeux. Mais ce qui frappe avant tout ce soir, ce sont sa diction impeccable ainsi que la charge émotionnelle et la richesse expressive qui se dégagent de son interprétation. On a touché à la perfection! Transporté, bouleversé même, le public réservera à l’artiste une standing ovation spontanée et largement méritée.
Le concert s'est terminé en beauté avec l’orgie de sons du Prélude et du Liebestod de Tristan und Isolde, qui vaut cette fois une ovation debout à Claudio Abbado, qui a offert cette année trois programmes d’anthologie à Lucerne. L’attente sera longue jusqu’à l’année prochaine.
A noter:
Le Lucerne Festival Orchestra dirigé par Claudio Abbado se produira pour la première fois à l’étranger: un mini-festival sera organisé à Rome, du 6 au 12 octobre 2005, au cours duquel la formation présentera des concerts aussi bien symphoniques que de musique de chambre.
Claudio Abbado a été fait citoyen d’honneur de Lucerne. Les autorités de la cité helvétique ont en effet décidé de distinguer le maestro pour son engagement en faveur du rayonnement de la ville, où il a donné son premier concert en 1966 déjà.
Claudio Poloni
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