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Missa serena Chaise-Dieu Abbatiale 08/22/2005 - Ludwig van Beethoven: Missa solemnis, opus 123
Izabella Klosinska (soprano), Agnieszka Rehlis (alto), Adam Zdukinowski (ténor), Romuald Tesarowicz (basse)
Chœur de l’Académie nationale d’Ukraine «Dumka», Yevhen Savchuk (chef de chœur), Orchestre symphonique de la Philharmonie de Silésie, Miroslaw Blaszczyk (direction)
Du 18 au 29 août, les trente-deux concerts du trente-neuvième Festival de La Chaise-Dieu confirment l’élargissement tant esthétique que géographique de cette prestigieuse manifestation. Dans l’esprit de son fondateur, Georges Cziffra, la musique sacrée – de Palestrina à Pärt, en passant par Monteverdi, Schütz, Bach, Haendel, Hasse, Pergolèse, Mozart, Mendelssohn, Stravinsky, Poulenc et Duruflé – est certes toujours prépondérante, mais le répertoire symphonique, essentiellement romantique, est désormais bien représenté.
En effet, si La Chaise-Dieu continue de rassembler la fine fleur des ensembles anciens ou baroques (Il Fondamento, The Tallis Scholars, Akademia, Ensemble vocal de Lausanne, Stradivaria, Le Concert spirituel, Concerto italiano, Damals und heute, La Cappella de’Turchini, Il Seminario musicale), huit formations symphoniques sont en outre invitées, dont quatre orchestres de région (Auvergne, Lyon, Bretagne, Lorraine), l’Orchestre des Champs-Elysées de Philippe Herreweghe et la Chambre philharmonique d’Emmanuel Krivine.
En outre, si l’abbatiale gothique Saint-Robert accueille toujours les deux tiers des spectacles, quatre communes de la Haute-Loire sont par ailleurs associées (Le Puy-en-Velay mais aussi Chamalières-sur-Loire, Brioude et Ambert). Les spectacles s’ouvrent également au jeune public (concert «Découverte de l’orchestre symphonique») et à l’humour (La Framboise frivole, qui a hélas finalement dû déclarer forfait suite à l’hospitalisation de Peter Hens). Mais le festival, c’est également un atelier pour enfants, une académie de huit jeunes «concertistes-chambristes» de haut niveau, animée cette année par Cyril Huvé et Jean Mouillère, ainsi que des manifestations gratuites: cinq conférences introduisant les programmes du soir, trois répétitions publiques et trois concerts (Maîtrise de la Cathédrale du Puy, artistes de l’Académie, aubade des cuivres et percussions de l’Orchestre national de Lyon).
Précédée d’une «sonnerie d’ouverture» interprétée à l’orgue par Jean-René Covis, la Missa solemnis (1823) trouve indéniablement à La Chaise-Dieu un lieu et un cadre privilégiés, alors que – sans doute principalement en raison de ses exigences chorales – elle apparaît en fin de compte assez rarement à l’affiche, surtout au regard d’autres œuvres vocales de Beethoven, comme Fidelio ou la Neuvième symphonie, exactement contemporaine. Toujours aussi fidèle, le public n’a pas raté une telle occasion, saluant à sa juste valeur la remarquable prestation des musiciens d’Europe de l’Est réunis pour l’occasion et obtenant en bis la reprise du chœur introductif du Gloria.
A leur tête, et malgré une acoustique peu analytique, Miroslaw Blaszczyk parvient à assurer une mise en place satisfaisante et à maintenir constamment l’équilibre entre les forces en présence (solistes, chœur et orchestre), il est vrai en effectif raisonnable (soixante choristes et soixante-dix instrumentistes). Malgré un engagement physique qui fait maintes fois trembler le podium, il offre de cette messe une vision somme toute plus sereine, chaleureuse et apaisée que massive, conflictuelle ou dramatique. Rendant justice aux modèles plus ou moins anciens qui ont influencé le compositeur (Haydn, Haendel ou même la musique de la Renaissance), il fait prévaloir la délicatesse et la poésie sur le recueillement et la spiritualité, notamment dans le Benedictus, où, de façon inhabituelle, le violon solo se lève comme pour se mettre sur le même plan que les quatre chanteurs.
En dépit d’une partition à l’écriture particulièrement périlleuse pour les voix, le chef polonais se fonde avant tout sur un excellent quatuor soliste, conjuguant puissance et justesse, ainsi que sur la solidité du Chœur de l’Académie nationale d’Ukraine «Dumka», préparé par Yevhen Savchuk. En revanche, l’Orchestre symphonique de la Philharmonie de Silésie, dont il est le directeur artistique depuis 1998, se montre quelque peu en retrait, avec des bois acides et des violons pas toujours exacts.
Le site du Festival de La Chaise-Dieu
Simon Corley
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