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La maîtrise d’Indjic

Paris
Orangerie de Bagatelle
07/14/2005 -  
Johannes Brahms : Klavierstücke, opus 76 n° 5, opus 116 n° 2 et opus 118 n° 1, 2 et 3
Frédéric Chopin : Scherzo n° 1, opus 20 – Etudes, opus 25 n° 5, 7, 11 et 12 – Mazurkas, opus 24
Claude Debussy : Préludes, Second livre (extraits)
Franz Liszt : Gnomenreigen (extrait des Deux études de concert) – Grandes études de Paganini (extraits)

Eugen Indjic (piano)


C’est sous un soleil radieux que la vingt-deuxième édition du Festival Chopin à Bagatelle, qui aura trouvé un bon équilibre entre tradition (Chopin, évidemment) et innovation (des Etudes de Bach à Ligeti), a pris fin avec un récital d’Eugen Indjic, qui, malgré la chaleur ambiante, ne renonce ni à la veste ni au nœud papillon pour aborder un programme à la fois copieux et ambitieux.


Dans les trois premières pièces (deux Intermezzi et une Ballade) de l’opus 118 (1892), la deuxième Fantaisie (Intermezzo) de l’opus 116 (1892) et la cinquième (Capriccio) de l’opus 76 (1878), le pianiste franco-américain, d’une maîtrise presque imperturbable, usant d’une gestuelle peu démonstrative, impose un Brahms apaisé, plus hautain que rugueux, servi par une sonorité veloutée, où la puissance ne se fait jamais brutale.


Si le jeune Brahms, auteur d’un Scherzo et de Ballades, manifestait ainsi son admiration pour Chopin, Indjic donne ici curieusement l’impression que l’influence s’exerce à rebours. En effet, après un Premier scherzo (1832) à la partie centrale particulièrement étirée, les quatre Etudes extraites de l’opus 25 (1834-1836) cultivent volontiers un caractère plus sombre et dense qu’à l’habitude: Septième bien méditative (pour sa cinquième apparition au cours de ce Festival), Cinquième, Onzième et Douzième mesurées, plus réfléchies qu’allantes.


Après l’entracte, les quatre Mazurkas de l’opus 24 (1835), malgré des tempi extrêmement fluctuants et des phrasés très travaillés, ne céderont pas davantage à la tentation du divertissement, sollicitant peut-être excessivement ces pièces à force de privilégier une succession d’épisodes superbement mis en place plutôt que la continuité du discours.


Les quatre Préludes de Debussy extraits du Second livre (1912) ne seront pas plus fantaisistes: Indjic y démontre une technique impressionnante, aussi bien dans le toucher (Les Fées sont d’exquises danseuses, Ondine) que dans la vélocité (Feux d’artifice, incontournables en ce Quatorze-Juillet), mais on aura connu General Lavine – Eccentric moins moelleux et plus ironique.


Indjic tient sans peine le pari de conclure par trois redoutables contributions de Liszt au genre de l’étude, qui fut le «fil rouge» de ce Festival: Gnomenreigen, seconde des Etudes de concert (1862), puis Andantino capriccioso et La Campanella, deux des six Grandes études de Paganini (1851). Les traits et octaves défilent quasi impeccablement, mais cette virtuosité perd en fascination fantastique (les lutins) ou démoniaque (le «violon du diable») ce qu’elle gagne en tenue, voire en réserve.


En bis, c’est tout naturellement Chopin qui aura le dernier mot, avec la troisième des Mazurkas de l’opus 63 (1846).



Simon Corley

 

 

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